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BLackSong

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17 mai 2021

Là où tout a commencé...

C'était il y a 10 ans, un plan (pourri ???) de ma sœur, un concert dans une petite salle, un gymnase plutôt, un groupe qui avait bercé mon adolescence, comme celle de beaucoup de gamins de l'époque, pas de quoi en faire toute histoire... Extinction des...
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25 mai 2022

Central Tour M-1

Le temps défile et me voilà à quelques jours du Central Tour. 

 

  Depuis quelques temps l’atmosphère Indochine est plus présente, plus lourde, comme avant un orage prêt à éclater. Il y a si longtemps que je n’ai pas écrit, le temps me manque, mes doigts sont rouillés, mes mots un peu empotés, mais ce soir le tonnerre gronde, les phrases se bousculent et l’envie revient...Enfin... 

Indochine c’est l’ami imaginaire des enfants qu’on a tous été, qu’on est encore, souvent, car on s’en fout de nos âges. On l'âge de nos âmes, on a l’âge qu'on veut. C’est celui qui est là quand tout va bien, quand tout va moins bien aussi.  

Moi ce soir en écrivant ce texte, j’ai 20 ans et j’ai les rêves d'une gosse qui parle toujours à cet ami imaginaire, et je ne veux surtout pas rêver moins fort.  

Alors ce Central Tour, j’aimerais le vivre encore plus fort, encore plus intensément, je veux entendre cette musique qui dit “Come to me”, qui me fait oublier le présent et qui m’emporte dans cette espèce de monde parallèle que seuls les aficionados comprennent. C’est notre force à nous les “fans”, même si je n'aime pas vraiment ce mot, si réducteur. C’est tellement plus que ça. Nous sommes tellement plus que ça. 

Indo c’est l’arrière-plan de nos vies, une mélodie qui nous relie. Le temps défile inéluctablement, mais jamais ne ternit cette belle histoire. Indo c’est un serment d’enfant, indéfectible, c’est Nico qui nous murmure à l’oreille “Moi je te promets une belle histoire que plus jamais on oubliera” 

Une partie de l’histoire est déjà écrite Indochine, et tu as tenu ta promesse. Continue à nous faire rêver, s’il te plait 

 

@lessilencesdeJuliette 

à Indochine, à tous les fans... 

5 août 2021

Chapitre 16 : Nic

 Carlota était montée dans sa chambre se changer et moi j’étais complètement désemparé. Qu’est-ce que j’étais en train de faire là ? Je jouais un jeu dangereux, pas pour moi mais pour elle. Est-ce que je n’allais pas faire plus de mal que de bien, qui étais-je pour m’apprêter à bouleverser sa vie ? Elle s’était reconstruite, elle s’était protégée en enfilant le costume de la journaliste parfaite et moi je n’avais qu’une envie, c’était de faire voler en éclat cette vie où elle s’étiolait doucement. 

La repousser quelques minutes avant avait été une torture. J’étais sur le point de réussir ce après quoi je courrais. Elle était prête à s'abandonner dans mes bras ce soir. Ce n’était pas vraiment mon genre de renoncer et pourtant ce soir je ne voulais pas jouer au salopard. 

 

 Je replongeai dans mes souvenirs en allumant une clope. Comment avais-je fait pour ne pas la reconnaitre ? Des soirées comme celle au Satellite il y en avait des centaines, mais je me rappelais maintenant très clairement cette jeune fille au regard triste, de cette phrase gravée au bas de son dos, celle pour qui je m'étais cassé deux doigts en frappant ce connard de guitariste. J’avais senti qu'elle n'était pas comme toutes les autres, qu'elle trainait un fardeau trop lourd à porter et que c'est ce qui l'avait menée à suivre Dim. Carlie Salinger, le double en perdition... mais qui elle au moins était vivante et menait une vie de provocation et de rébellion, à la différence de Carlota qui s'était enterrée dans une vie solitaire qui ne lui convenait pas.  

 

Tout à l’heure quand elle avait cherché à s’éloigner de moi, elle s’était approchée de la fenêtre et avait fixé l'obscurité d'un regard éteint. Auréolée du noir de la nuit, dans son vieux T-shirt de Wax perdue dans ses pensées, perdue dans sa vie, elle était pourtant magnifique. Cette image ne me quittait plus, comme un arrière-plan dans ma tête. 

Sans le savoir elle m'avait touché. J’étais venu ce soir pour la démasquer et j’avais finalement rencontré une jeune femme blessée par la vie. Mon cœur se serra quand je l'imaginai perdue, errante dans une vie de débauche, à la recherche d’une main tendue. Elle avait fait de moi sa bouée de sauvetage, elle m'avait idéalisé et je me sentais en partie responsable de sa descente aux enfers. C'est moi qui l'y avais entrainé, involontairement bien sûr, mais cette pensée me dérangeait. 

  
"Je te réveillerai Carlie ". Cette promesse que je lui faisais, je la tiendrai et j’étais décidé à partir à la recherche de cette fille que j’avais croisé des années auparavant. Quant aux conséquences, j’y penserai plus tard. 

 

Un bruit à l’étage attira mon attention. Carlota devait être sur le point de descendre. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais j’espérais bien qu’elle n’allait pas ressortir un de ses tailleurs rigides pour notre virée nocturne.  

Quand elle commença à descendre pour me rejoindre, je cru un instant que mon esprit me jouait des tours.  

La nana qui se tenait à présent devant moi n’étais pas la même qui était monté se changer quelques minutes auparavant. C’était impossible. J’en restai muet de surprise. 

 

– Alors Nic Black, on n’a rien à dire pour une fois ?  

 

Sa réflexion me tira de ma stupeur. Elle m’avait balancé ça en riant à moitié, avec un air coquin que je ne lui avais jamais vu, et je compris que le dédoublement de personnalité avait bel et bien eu lieu. J’avais devant moi Carlie Salinger, et un frisson me parcourut la colonne vertébrale.  

Elle était sexy à tomber. Elle portait un jean slim noir à taille basse et un débardeur sombre très près du corps. Sa silhouette élancée était impeccable dans cette tenue. Elle avait chaussé à ses pieds une veille paire de Doc Martens rouges usées et délacées qui donnait une touche de couleur à sa tenue. Ses cheveux étaient désormais relevés en un chignon tout ébouriffé dont quelques mèches folles dépassaient, mais ce qui attira mon regard, c’étaient ses yeux. Ils étaient maquillés de noir, et lui faisaient un regard mystérieux. Le regard qu’elle avait dans mes souvenirs. Même son visage n’était plus le même. Cette expression grave et sérieuse qui ne la quittait jamais, je ne la voyais plus. Ce que je voyais c’était de l’audace, de l’espièglerie, teintée d’un brin de séduction. Et puis je voyais aussi la liberté. 

J’étais époustouflé et surtout je ne trouvais rien à lui répondre. J’étais en galère pour me retenir de lui sauter dessus et de laisser tomber le projet “A la recherche de Carlie Salinger”. Franchement là tout de suite sortir faire la fête avec elle n'était pas la première chose qui me venait à l’esprit. Je dus faire un effort de malade pour essayer de dire quelque chose de sensé et cohérent  

– Ça te va bien tes fringues 

“ Ça te va bien tes fringues ???” Ça c’était censé et cohérent ? Sérieux mec ferme là, t’es ridicule me souffla mon esprit en la voyant se retenir de rire 

– Je te remercie Nic. On va y aller si mon apparence te convient alors me lança-t-elle avec un petit sourire ironique.  

J’attrapai mes clés de bagnole et mon portable. J’étais sur le point de sortir de son appartement quand je la vis se diriger vers le placard de l’entrée. Elle se hissa sur la pointe des pieds et attrapa un gros carton. Elle souriait comme une enfant sur le point de faire une grosse bêtise. Elle le posa délicatement sur le sol et quand elle l’ouvrit, j’eu l’impression que me cerveau se déréglait. Rien ne cadrait. Je n’arrivai plus à suivre. Cette petite était en train de me faire disjoncter.  
Toute fière d’elle me tendit un casque en riant devant ma tête : 

– En selle Black, ce soir c’est moi qui conduis !  

11 juin 2021

Chapitre 15 : Carlota

CHAPITRE 15 

Carlota 

 

Nic s'était levé et avait gagné la cuisine sans un mot. Devant son silence j'avais compris qu'il se souvenait de notre unique rencontre. J'avais fait en sorte d'oublier cet épisode, je l'avais enterré au plus profond de ma mémoire et je faisais comme s'il n'avait jamais existé. Cette époque de ma vie me submergeait de honte. A force de suivre Wax en concert et de les attendre à la sortie des artistes, ce soir-là le guitariste des Kao Bang m'avait remarquée et avait fini par m'inviter à les rejoindre à une soirée post-concert. C'est là que j'avais croisé Nic et lors de cette soirée il m'avait tiré des griffes de Dim. Ce jour-là, trop ivre et remplie de fumée de joints, je n'avais pas eu la force de refuser les avances de Dim. Si Nic ne s'était pas interposé, j’aurais sans doute fini dans son lit, où dans celui d'un autre, comme cela c’était déjà produit quelques fois 
 
Ce geste de la part Nic fut le déclic. Celui que j’idéalisais depuis des années venait de me tirer d’un mauvais pas et je pris cela comme une sorte de signe du destin. Ce soir-là signa mes au revoir au monde des tournées de Wax.  Après quelques mois "au vert" chez ma mère puis en cure de désintoxication j'intégrai une école de journalisme et travaillai d'arrache pieds pour remettre de l'ordre dans ma vie, au moment même où j'apprenais le décès par overdose de Dim. 

 

Plongée dans mes souvenirs, c'est l'odeur du thé qui me ramena à la réalité, quand Nic posa la théière devant moi.  Gênée par nos souvenirs qui s'entrecroisaient, je me levai pour m'éloigner de lui. J'avais besoin d'espace, j'avais besoin de reprendre mon souffle. 

Nic m'interrompit dans ma fuite et me saisit doucement par le bras pour m'arrêter. Puis très lentement, il vint se placer derrière moi, sa main entourant toujours mon poignet. 

 

– Carlie Salinger....Je me rappelle de tes yeux noirs. Ils brillaient d’un éclat si particulier, la tristesse et la colère enflammaient ton regard si sombre. Je t'aurais sans doute reconnue si tu n'avais pas changé la couleur de tes cheveux. 

 

Le ton de sa voix ne révélait pas de colère, mais plutôt de l'incompréhension. J'anticipai son prochain geste, je savais ce qu'il allait faire, aussi je ne fus pas étonnée quand je sentis sa main relever le bas de mon débardeur. 

 

– « Tu seras dans mes rêves, je serai dans les tiens » … Je me souviens de ce tatouage, Carlie 

– Carlie Salinger a disparu ce soir-là Nic, et a laissé place à Carlota Maxwell. Ne m'appelle plus jamais ainsi s'il te plait. 

 

Une vague de dégout pour ce que j’avais été me submergea soudain, puis la honte le remplaça. Je m’éloignais de lui, j’avais besoin de fuir mes souvenirs, mais d’un geste tendre et déterminé, il m’attira vers le canapé et me fit assoir à côté de lui. 

 

– Raconte-moi Carlota 

 

Je lui fus reconnaissante de laisser un peu d'espace d'entre nous, car j'avais besoin d'être libre pour lui livrer mon histoire. Je me recroquevillai, les genoux contre ma poitrine, une épaule adossée contre le dossier et je commençais. 

 

– Il n'y a rien à raconter, seulement l'histoire d'une gamine paumée, rentrée en France quelques années auparavant suite à l'assassinat de son père et de sa sœur. Une fille qui cherchait un but qui lui ferait supporter sa douleur, et c'est toi Nic, toi et Wax qui m'avez fait tenir debout pendant mes années de perdition. Je me suis immergée dans votre univers pour fuir ma réalité. Ce n'était surement pas la bonne façon, mais vivre pour toi, pour vous, vous suivre pendant vos tournées, vivre dans votre monde, c'est ça qui m'a donné l'envie de continuer à me lever le matin. 

– Tu as fait ce que tu as pu pour survivre à ces moments tragiques Carlota. C'était une autre époque. Regarde ce que tu es devenue aujourd'hui, sois fière de toi mais ne renie pas ce que tu as été, c'est ça qui a fait ce que tu es aujourd'hui. 

 

Il accompagna ses mots qui me faisaient tant de bien en prenant ma main. Ce geste simple m’encouragea à continuer. 

 

– C'est facile à dire Nic, mais si quelqu'un apprend mon passé, je suis finie dans le monde politique. Quelle crédibilité pourrais-je avoir maintenant si quelqu'un apprend que je suis une ancienne droguée qui finissait ses soirées où dans le lit d'un chanteur, où dans le caniveau ?  

– Tu as réussi à garder cela pour toi durant toutes ses années Carl, pourquoi veux-tu que quelqu'un le découvre maintenant ? 

– Sauras-tu te taire Nic ? N'as-tu pas déjà dit des choses à ton entourage qui leur aurait mis la puce à l'oreille. Cat m'a déjà croisé aussi, il était à cette soirée, peut être qu'un jour, il se souviendra lui aussi 

– Explique-moi comment est née Carlota Maxwell me dit-il.  

 

Le mouvement délicat de son pouce à l'intérieur de la paume de ma main m'apaisait et me donna la force de poursuivre à lui livrer mes souvenirs 

 

– Grâce à ma mère, j'ai d'ailleurs pris son nom de jeune fille quand j'ai repris mes études. Salinger c'est une sorte de pseudonyme, un nom pour mon double en perdition. Morane c'est le nom de mon père et je ne voulais pas surfer sur la pitié que les gens du métier auraient pu avoir envers moi, alors j'ai choisi Maxwell, car il ne restait plus que ma mère et moi. Trois identités pour une seule personne au fil de ma vie mais aujourd’hui il n’en reste plus qu’une. Je suis devenue Carlota Maxwell, les autres sont mortes 

– C'est ta mère qui t'a encouragé à devenir journaliste politique ? 

– Elle ne m'a pas encouragée non, elle m'a d'abord forcé à vivre, puis à suivre les traces de mon père... pour honorer sa mémoire, sous peine de me couper les vivres. A l'époque c'était pour elle une façon de continuer à faire vivre son mari et ma sœur, et pour moi ça ou autre chose c'était du pareil au même. J'avais juste besoin qu'on me dise quoi faire, qu'on décide à ma place car je n'en n'étais plus capable. 

– Tu n'aimes pas ton métier Carlota ?  

– Je n'ai que ça, c'est mon garde-fou Nic, être une bonne journaliste m'empêche de basculer du mauvais côté. 

– Mais ce n'est pas vraiment toi 

– Tout ça n'a pas d'importance murmurais je en fixant le vide. 

– Carl tu n'es plus une gamine paumée maintenant. Regarde-moi m'ordonna-t'il  en accentuant la pression de sa main. Tu as le droit de vivre ta vie comme tu le veux, tu n'es plus obligée de faire ce que ta mère décide pour toi, où tu t'éteindras. 

 – Peut être lui répondis-je tristement, mais est-ce que ça compte vraiment... 

 

 

Je me levai dans l’espoir de mettre un peu de distance entre lui et moi. Les mots m’étouffaient, j’avais besoin d’air. Je m’approchai de la fenêtre pour contempler la nuit mais je le sentis s'approcher derrière moi. La chaleur de son torse irradiait dans mon dos. Je ne bougeais pas. 

 

– N'ai pas peur, murmura-t-il à mon oreille sans que ses mains ne me touchent 

– Je ne suis pas comme toi Nic, tu es courageux, tu ne crains rien. Personne ne dicte ta vie, tu vis comme tu le veux, tu prends ce que tu veux, moi je n'en ai pas le courage. 

 

Je me sentais découragée, triste devant ce constat. Me retrouver face à lui qui incarnait la liberté à l’état pur me renvoyait à tout ce que j’avais abandonné. J’avais renoncé, j’avais fait mourir cette jeune fille insouciante que j’avais été. Pour la première fois, je me retrouvais face à la réalité, une réalité que j’avais fuis pendant si longtemps. 

– Tu es plus courageuse que n’importe qui. Tu as réussi à te relever d’une tragédie et à devenir quelqu’un de bien. Apprends à te faire confiance. Ecoute toi, savoure la vie et emmerde les gens et les choses qui t’enchainent. 

 
Je ne savais plus vraiment de quoi il parlait, une aura de sensualité ce dégageait de cet infime contact qui nous liait. Parlait-il de moi ? Ou de cette relation étrange qui s'était développée entre nous. Sa fougue et ma retenue, sa confiance et mes doutes, sa lumière et mon obscurité...Cela n'avait pas vraiment d'importance car ce soir, ses mots m'apaisaient et me rassuraient et c'était juste bon. 
Le temps semblait s'étirer sans que nous n’ayons ni l'un ni l'autre l'envie de rompre cet instant. Je me délectais de cet étrange frisson qui parcourait mon corps, de cette tension qui m'habitait sans que je ne puisse lutter. 
Toujours sans me toucher, Nic approcha sa bouche jusqu'à frôler mon oreille et se mit à fredonner une de ses chansons que je connaissais par cœur. 

 
"Je veux te donner un baiser, laisse-moi passer, effleurer mes doigts sur toi, on va s'embrasser et nos lèvres vont se purifier…" 

 
Ses mains se posèrent sur mes épaules, faisant naître en moi des frissons qui irradiaient tout mon corps. Mon cœur s’emballa et les poils de mes bras se hérissèrent quand je sentis ses lèvres se poser au creux de mon cou. Je ne pus retenir un soupir de satisfaction, et je me laissais aller à la recherche de son contact. J’avais besoin de la chaleur de son corps contre le mien car il était le seul à pouvoir  m’apaiser. Je sentis ses bras s'enrouler autour de moi, comme un cocon protecteur où j’étais bien. Peu à peu me sentais redevenir vivante. Tout mon corps se mit à trembler sous l'effet de la tension qui me quittait et je m'appuyais encore plus fort contre lui. 

– Laisse toi aller, murmura t'il comme s'il voulait m'apprivoiser 

 
Il prit alors le lobe de mon oreille entre ses lèvres puis commença à le mordiller. La vague de désir que j'essayais de contrôler me submergea alors et en un mouvement je me retournais pour lui faire face. De ses mains il entoura mon visage et approcha doucement ses lèvres des miennes.  
 

–"Laisse-moi passer, effleurer mes doigts sur toi" chuchota-t-il à nouveau avant de poser sa bouche sur mes lèvres.... 

 

Quand sa langue caressa la mienne, une multitude de papillons s'envolèrent dans tout mon être, et je sus qu'il me tenait désormais au creux de ses mains...Je nouais alors mes bras autour de lui et m'abandonnait au délice de ce baiser en fermant les yeux, le laissant maitre de la situation. 

 
Doucement Nic lâcha mon visage et se recula un peu. Il détacha mes mains nouées autour de ses hanches mais les garda dans les siennes 

 

– Pas comme ça 

– Quoi pas comme ça ? 

 

J’étais perdue, les pensées s’entrechoquaient dans mon esprit. Que cherchait-il ?  

 

– Je veux que tu mènes la danse Carlota, pas que tu te contentes de suivre mes pas 

 

La frustration devait se lire sur mon visage. Il avait rallumé une flamme dans mon âme, et maintenant il l’éteignait d’un seul geste. Il me reprenait tout ce qu’il m’avait donné. 

 

– Tu es bouleversée ce soir, et je ne veux rien faire que tu n'aies pas décidé toi-même. Il est temps pour toi de prendre ce que tu as envie de prendre, de choisir par toi-même tes actes et tes décisions, de provoquer tes occasions. Ce soir je l'ai fait à ta place, c'est moi qui suis venu à toi. 

– Je ne comprends pas Nic 

– Sois sûre de toi Carlota, arrête de te laisser dicter tes choix. Je veux que ce soit toi qui me prenne Carlota, quand toi tu l'auras décidé. 

 

Ses yeux déterminés me faisaient peur mais m’excitaient aussi, rendant la frustration presque intolérable 

 

– Tu es dingue Nic 

– Sans doute un peu oui, mais je ne veux pas t'abîmer Carl, tu mérites beaucoup mieux que ça. 

 

Vexée, je dégageais mes mains des siennes et me dirigeais vers la table basse pour prendre un bol de thé. J’espérais que cette diversion ferait cesser les battements intempestifs de mon cœur et m’éviterait de perdre la face devant le garçon qui quelques minutes plus tôt aurait pu faire de moi ce qu'il voulait. 

 

 – La colère te va très bien Carlota, cela prouve au moins que tu ne maitrises pas tout. 

 

Nic s’était rapproché de moi et je sentais son souffle sur ma nuque, ce qui ne fit qu’accroitre mon dépit 

– C’est bon Nic, laisse tomber s’il te plait et va-t'en.  

– Pas encore non 

– Eh bien quoi alors ? 

– Va t'habiller Carl, on sort.  

– Où veux-tu aller à 1h du mat ?  

– On part à la recherche de Carlie Salinger.... 
 

 

 

 

9 juin 2021

Chapitre 14 : Nic

Chapitre 14 

Nic 

10 ans plus tôt 

 

 

– Et Nic, super concert me dit Cat en passant son bras sur mon épaule à la sortie du Zénith. On va boire un verre avec les autres, ils nous attendent à l’AstroBoy ?  

 

 – Evidemment que je viens, je vais pas rentrer me coucher tout seul comme un con marmonnais-je dans ma barbe. 

 

Je m’engouffrai dans la voiture en allumant un joint. Le chauffeur s’était garé un peu plus loin afin que le groupe échappe aux fans qui attendaient aux portes de la salle de concert. J’étais vanné, mais l’idée de passer une soirée dans un bar avec de l’alcool et des filles me faisait sourire.  

Nous étions en pleine gloire et j’étais aspiré dans une spirale infernale de musique, de concerts, d’alcool et autres toxiques et de filles d’un soir. Je profitai de notre succès à deux cent pour cent, et de tout ce qu’il pouvait m’apporter de bien et de moins bien. Je me noyais dans cette vie un peu artificielle mais j’aimais ça.  

 

– Les musiciens des Kao Bang nous attendent là-bas me dit Cat. Ils ont eu la pression de faire notre première partie parait-il, et ils avaient besoin de décompresser en faisant la fête. 

 

Je jetai un coup d’œil sceptique à mon guitariste qui souriait. Nous savions tous les deux qu’aucun d’entre nous n’avaient besoin d’excuse pour faire la fête. 

 

– Allons y alors, moi aussi j'ai besoin d'un verre...où plusieurs 

 

En arrivant dans la discothèque, nous filâmes directement dans la loge qui nous était réservée, sur la mezzanine. Les membres des Kao Bang, avaient déjà bien entamé la soirée. Les mégots et les bouteilles vides jonchaient les tables, et les musiciens étaient vautrés dans les fauteuils en éclusant les fonds de verres.  

L’atmosphère de la loge était enfumée et une odeur de transpiration trainait dans l’air. Je m’approchais de la rambarde pour regarder les gens danser sur la piste. La musique était assourdissante, je n’entendais pas les gens parler et la fumée qui m’entourait opacifiait mon champ de vision. Bizarrement, ce soir je me sentais en décalage, presque isolé au milieu de toute cette foule, pourtant c’était mon univers que je contemplais, c’était mon quotidien, c’était ma vie. Pour chasser ces idées moroses qui m’envahissaient, je fis demi-tour et m’approchai des autres membres du groupe. J’en profitai pour féliciter les Kao Bang qui avaient mis le feu dans le public avant notre entrée en scène.  

 

– Félicitations les mecs vous avez bien assuré ce soir. Place à la fête maintenant ! 

 

Je m’assis dans un fauteuil au milieu des autres pendant que Cat allait chercher une bouteille de champagne au bar, et je laissai mon regard errer autour de moi. D’autres personnes étaient installées plus loin, eux aussi faisait la fête. Peut-être que parmi eux se trouvait la fille avec qui je terminerai la soirée. C’était toujours comme cela que ça finissait de toute façon. Un regard, un sourire, un verre et je gagnai facilement une nuit de plaisir. Le deal était clair, pas de promesses, pas de suite donnée et jusqu’à maintenant j’avais toujours évité les emmerdes. Je n’avais ni le temps, ni l’envie de me consacrer à une relation plus sérieuse avec quelqu’un, Wax et ma musique étaient mes seuls et uniques compagnons.  

Cat revint au bout de quelques minutes et je levai mon verre à sa santé.  

 

– Place à la fête mon ami. T’as repéré des jolies nanas sur ton chemin ?  

– Ouais, y a matière à s’amuser ce soir sur la piste me répondit-il en levant son verre à son tour.  

– Parfait, on a besoin de se détendre un peu, le concert de ce soir m’a vidé, et un peu de compagnie me fera le plus grand bien.  

– On dirait que les mecs ne nous ont pas attendu pour trouver leur bonheur en tout cas 

 

Je suivis son regard et je vis un des guitaristes des Kao qui embrassait langoureusement une brunette aux cheveux longs assis sur ses genoux, tout en lui caressant la cuisse. La fille n’avait visiblement pas le même enthousiasme que son mec d’un soir, mais elle se laissait faire.  Il lui murmura quelque chose à l’oreille et tous deux se levèrent pour venir vers nous.  

C’était une belle nana, malgré son regard un peu vitreux, celui d’une fin de soirée bien arrosée. Ce qui était plus inhabituel, c’était son air un peu perdu, un peu résigné, même si son regard s’alluma quand ils arrivèrent à notre hauteur. Je pris quelques secondes pour la regarder plus attentivement. Elle était vêtue d'une jupe plissée en cuir noir, d'un débardeur rouge assez court pour révéler une partie de son ventre, et elle était chaussée d'une vieille paire de Doc Martens. Elle était super sexy, et si elle n’avait pas accompagné Dim, je l’aurai peut-être approchée.   

Ce qui me frappa le plus, quand son regard croisa le mien, c’étaient ses grands yeux sombres, maquillés de noir. Il y avait au fond de ses prunelles un mélange de rage et de colère, mais j’y vis aussi une étincelle de désespoir. Sans aucune raison mon cœur se serra. En quelques secondes et sans un mot, elle m’avait touché et j’eu soudainement envie de l’empêcher de suivre Dim pour la garder auprès de moi.  

 

– Hé Nic, je te présente Carlie. Tu te joins à nous, on va finir la soirée dans une chambre. 

 
La proposition du guitariste ne m’étonna pas. Dim était connu pour être un goujat avec les filles. Les fans lui servaient de vivier pour ses conquêtes à qui il promettait la lune sans jamais donner suite. Celle-là ne devait pas faire exception à la règle, mais cette fois ci, ça me foutait la gerbe. J’avais de la peine pour elle qui sans doute comme tant d’autres se berçait d’illusions. Je lui répondis sans ménagement. 

 

– Le respect Dim, c’est vraiment pas une notion qui te dit quelque chose. T’en a pas marre de te comporter comme un connard. Un peu de classe, ça te ferait vraiment pas de mal. 

– Oh ça va. Ne fais pas ta Sainte Nitouche, tu ne te gênes pas non plus d'habitude s'emporta le guitariste éméché en se rapprochant du fauteuil où j’étais assis. 

 

Je me levai, prêt à défendre cette fille qui l’accompagnait sans même savoir pourquoi.  

 

– Recule Dim et fous lui la paix. Laisse-la partir et va te coucher.  

– Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi Monsieur Nic Black, tu te prends pour qui ? Si j'ai envie de la sauter, je la sauterai, c’est une des groupies qui suit Wax partout, mais pour ce soir elle se satisfera d’un Kao Bang, et peut-être même qu’elle en redemandera ricana Dim en jetant un regard salace à la fille restée derrière lui.  

 

Ce furent les paroles de trop. Je ne pus me retenir et j’envoyai mon poing dans la figure de ce connard qui tomba assommé sur le sol sous les yeux effarés de Cat. 

Mon ami s’interposa et me fit reculer pour que je me calme 

 

– Putain Cat, je te jure je vais l’atomiser ce con 

– Bordel Nic mais qu’est ce qui te prend, ça va pas bien ? 

 

Je n’arrivai pas à me calmer, j’avais envie de finir le boulot avec cet abruti de Dim mais ce fut la vision de la fille qui fit retomber la pression. Elle avait assisté à toute la scène, sans jamais me quitter des yeux, comme hypnotisée. J’allais m’approcher d’elle pour m’excuser de ce bordel, mais devant ma fureur, Cat la saisit par le bras et la fit reculer. 

 

– C'est bon maintenant. Rentre chez toi, y a plus rien à voir lui intima t’il 

 

La jeune fille eu alors un hoquet de surprise et sembla réintégrer la réalité. Elle attrapa son sac resté sur un fauteuil et sans un mot disparu vers la sortie, ses longs cheveux noirs flottant derrière elle. Je me tenais seulement à quelques centimètres d’elle et la dernière image que j’eu d’elle c'est son tatouage en bas du dos. Quelques mots seulement, le titre d'une chanson de Wax . « Tu seras dans mes rêves, je serai dans les tiens... » 

 

– Au revoir Carlie murmurai-je  en frottant ma main douloureuse 

 

 

 

 

 

 

 

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8 juin 2021

Chapitre 13 : Carlota

Chapitre 13 

Carlota 

 

Après une bonne demi-heure de ruminations, je décidai qu’il fallait que je me change les idées. Pour le moment je ne pouvais rien faire de plus pour changer les choses et j’étais éreintée. Je me préparai un repas léger que je mangeai devant mon film culte, Dirty Dancing. Patrick Swayze avait toujours eu le pouvoir de me faire oublier tous mes problèmes et ce soir j’avais besoin de lui. C’est au moment crucial, celui où Johnny invite Bébé à danser au milieu de la foule que mon téléphone vibra m’avertissant de l’arrivée d’un message. Merde ! Retour brutal dans la vie réelle. J'allais attraper le mobile au moment on sonna à la porte . 
Je me levais en soupirant, le portable dans la main,  frustrée de rater la meilleure partie de mon film.  
Le message venait de Sam. Il avait sans doute oublié quelque chose et souhaitait  m'avertir de son arrivée. 
J'ouvris le texto en même temps que je déverrouillais la porte 

"Après réflexion le mieux est que tu lui expliques...."   

 Sans surprise je découvris donc Nic Black appuyé contre le mur face à mon appartement. 

 

 

– Je ne pensais jamais te revoir 

 

C'est tout ce que je pu dire.  Un frisson d'appréhension me transperça en pensant à ce qui allait inéluctablement arriver. J’allais devoir me justifier, je ne pouvais plus me cacher après ce qu’il s’était passé ce matin.  Ses yeux sombres fixaient les miens, son regard était sans concessions. Il était venu pour ça, des explications.  

La tension s'installa brutalement entre nous. Je me sentais si démunie face à lui, paralysée. Je comprenais sa colère et je me doutais de tout ce qu’il avait  imaginer. Forcément, je lui mentais depuis notre rencontre. J’avais tout fait pour lui cacher que je connaissais Wax, et je me doutais bien qu’il avait dû se sentir trahi.  

 

– C'est en effet ce que j'avais prévu, mais tu as un ami qui tient beaucoup à toi apparemment et qui m'a convaincu de te laisser t'expliquer, alors je te repose ma question : "Qui es-tu et que cherches tu Carlota ?" 

 
Il me détaillait de haut en bas et je vis la surprise se peindre sur son visage quand son regard se posa sur mon débardeur. Ce débardeur que je portais justement aujourd’hui, c'était mon doudou, mon objet de réconfort. A la fin du dernier concert  auquel j’avais participé, je l’avais acheté sur un coup de tête pour garder un lien avec Wax. Entièrement noir, avec les titres des chansons d'un album de Wax sur le devant inscrites en blanc et surplombées par le nom du groupe en lettres bleues pâles, il revendiquait à lui tout seul mon appartenance à leurs fans, à une communauté, à une famille 

 

– Entre Nic 

 

Je m'effaçai rapidement pour le laisser passer. J'étais consciente que je ne pourrais plus reculer, plus maintenant. Je refermai la porte derrière nous et me réfugiai dans le coin cuisine pour échapper à son regard perçant. 

 

– Veux-tu boire quelque chose, un thé, un café, quelque chose de plus fort ? 

 

J'essayais désespérément de gagner du temps, de voler quelques minutes à cette situation qui allait m'échapper. 

 

– Non je suis venu chercher des explications Carlota, c'est tout 
 

Sa détermination et la dureté de sa voix me déstabilisaient. Je ne retrouvai plus l'étincelle de gentillesse qui animait d'habitude son regard, et ses lèvres restaient serrées dans un pli de colère. Il semblait avoir oublié et fait une croix sur les instants de complicité que nous avions vécu la veille. 

Ce soir, il était impressionnant de froideur....mais à la fois tellement beau, que mon cœur se serra  
Comme à son habitude il était habillé de sombre et il avait remplacé son foulard blanc par un autre noir, constellé d'étoiles argentées. Son pantalon cargo lui tombait impeccablement sur les hanches et son sweet shirt gris anthracite épousait parfaitement les formes de son torse musclé. Ses cheveux étaient encore plus en bataille que le matin, comme s'il avait passé sa main dedans des millions de fois dans la journée. Je le fixai à mon tour, à m’en brûler les yeux, car c’était la dernière fois que je le voyais, et je voulais être sûre que tout ça n’avait pas été qu’un rêve. 

 

Devant mon silence, il posa ses clefs et son portable sur la table basse du salon et s’assit en soupirant. J’étais au supplice. Que fallait-il faire ? Lui balancer cette vérité froide et dégeulasse que je cachais depuis des années, comme ça, sans préavis, où essayer d’enrober un peu les choses dans du papier brillant. La conclusion serait la même de toute façon. 

Je quittai mon refuge et je m’approchai de lui. Doucement je m’assis sur le canapé à côté de lui et je laissai mon regard dériver dans le vide. Curieusement, je n’eu pas besoin de réfléchir, les mots sortirent de ma bouche, sans que je ne puisse les retenir. Il fallait que je me libère de cette partie de ma vie lestée au fond de moi comme une ancre qui m’attirait tous les jours un peu plus vers le fond. 

 

 

– Mars 2001 : Premier concert de la tournée de la renaissance du groupe. Wax signe son retour avec son célèbre J'ai demandé. C’est un succès fou, le public est au rendez-vous et votre carrière est relancée après une traversée du désert de plusieurs années. 

 
– Septembre 2002 : Après la troisième chanson du concert à Paris, un problème électrique survient avec le matériel de tes musiciens. Ils sont dans l’impossibilité de continuer à t’accompagner. Tu continues pendant 20 minutes à chanter a capella en attendant que les techniciens règlent le problème.  

 
– Décembre 2003 : Tu fais tout un concert avec une attelle à la main, suite à une bagarre la veille dans un bar. Rien n’a filtré dans la presse, personne n’a jamais su comment tu t’étais blessé. 

 
– Juillet 2004 : Pendant un festival, le guitariste du groupe Kao Bang qui faisait ta première partie fait une overdose. Tu offres à tes fans un concert de trois heures au lieu de deux prévues pour le remplacer.  

 

Je m’arrêtai quelques secondes pour le regarder, essoufflée par mes révélations. Son visage reflétait la stupeur, l’incompréhension mais aussi la colère. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, la vérité lui échappait encore, pour l’instant. 

 

– Eh bien, bravo, tu as dû bien chercher car certaines de ces informations n’ont pas été révélées à la presse. Enfin, j’imagine que dans le monde de presse à scandale où tu évolues, tout finit par se savoir finalement 

 

– Non, je n’ai rien cherché m’écriai-je. J’y étais à tous ces concerts. Et ta main Nic, en 2003, elle était cassée. J'ai entendu le craquement de tes phalanges quand tu as mis ton poing dans la figure de Dim. 

 

Je le vis blêmir et s'appuyer contre le dossier du sofa en se passant la main dans les cheveux. Il attrapa son paquet de cigarettes et d'une main tremblante en alluma une. Puis il tourna son visage vers moi et planta son regard dans le mien. 

 

– Putain arrête toi Carlotaje comprends rien. Tu as suivi Wax en concert. Qui es tu bordel ? Une journaliste musicale, une paparazzi ? Et ma main, comment sais-tu qu’elle était cassée ?  

 

Un frisson me traversa l’échine. Il était temps maintenant… 

 

– Non, je n’étais rien de tout cela. J’étais…Je n'étais rien en fait, j’étais juste Carlie Salinger… 

 

 

 

 

7 juin 2021

Chapitre 12 : Nic

Chapitre 12 

Nic 

 

– All 

– Nic Black ?  

– Lui-même 

– Excusez-moi de vous déranger, je me présente je m’appelle Sam et je suis journaliste à L-World. 

– Alors notre conversation va s’arrêter là, je ne veux plus entendre parler de ce journal, ni de tout ce qui peut avoir un rapport avec. 

– Attendez s’il vous plait, il s’agit de Carlota 

– Et bien justement… 

– Non ne raccrochez pas, je sais tout, je sors de chez elle, je peux tout vous expliquer 

 

J’aurai dû mettre un terme à cette conversation, je le savais mais j’étais rongé par la curiosité et surtout, malgré toutes mes résolutions, Sam venait de me fournir une excuse pour ne pas expulser Carlota de ma vie irrémédiablement. 

 

– Sam vous connaissez l’AstroBoy ? 

– Oui pas de problème, je connais 

– Parfait venez me rejoindre dès que possible, je vous y attends. 

 

C’est environ une heure après que je vis débarquer dans le bar un jeune homme aux cheveux longs, les bras tatoués, un casque de moto au bras. Il avait l’air fatigué et indécis, en proie à une vague de doutes. Il entra doucement, méfiant en jetant des coups d’œil à droite et à gauche. Je m’avançai vers lui pour l’accueillir avant qu’il ne fasse demi-tour. 

 

– Sam ? Je suis Nic Black 

– Je sais qui vous êtes Nic, je suis un de vos nombreux fans. C’est avec moi que vous auriez dû faire la première interview, mais j’ai été retenu par des obligations familiales. 

– Avec le recul je vous avoue que j’aurai préféré la faire avec vous. 

– Ecoutez, je ne sais pas quoi vous dire. Je sors de chez Carlota, j’étais passé prendre des nouvelles de sa mère et elle m’a expliqué dans les grandes lignes ce qui s’était passé entre vous. 

– En fait Sam, pardonnez-moi, mais tout ceci ne vous regarde pas et…. 

– Je sais Nic j’ai beaucoup hésité avant de venir vous trouver mais Carlota est mon amie et même si je sais que son comportement peut vous sembler curieux, je peux vous expliquer 

– Il va falloir être convaincant, car tout ce que j’ai déduis de cette mascarade c’est que votre copine a essayé de me piéger, sans doute pour essayer de trouver un scoop à vendre. 

– Vous faites fausse route, laissez-moi vous expliquer. 

 

Il avait l’air convaincant le gamin et il avait piqué ma curiosité. Ma conversation avec Cat me revint en mémoire. Si même lui avait accordé le bénéfice du doute à Carlota, je pouvais au moins écouter ce que son ami avait à me dire 

 

– Venez-vous assoir Sam et racontez-moi, je vous écoute. 

– Elle vous connait Nic, et elle connait Wax 

– Oui enfin ça je l’avais deviné 

– C’est une ancienne de vos fans et pour faire simple elle a été jusqu’à l’extrême pour vous et votre groupe. 

– Je ne comprends rien à ce que vous me racontez Sam 

– Je ne vais pas tout vous révéler Nic, car c’est son histoire et ça lui appartient, mais sachez qu’il n’y a eu aucune malveillance dans sa démarche. Carlota est une des personnes la plus intègre et la plus droite que je connaisse. Jamais elle ne vous aurait porté préjudice de quelque manière que ce soit.  

– Admettons que je vous accorde le bénéfice du doute. 

– Je ne connaissais pas son histoire non plus, elle m’a l’a racontée tout à l’heure et j’en suis resté ahuri. C’est du lourd et je vous assure que la personne la plus à plaindre dans toute cette histoire, ce n’est pas vous.  

– C’est elle qui envoie ? 

– Non elle ne sait rien de cette visite, sinon elle m’aurait barricadé chez elle. Je suis venu de ma propre initiative, car c’est quelqu’un à qui je tiens et que j’admire. Son fardeau est assez lourd à porter et je voulais simplement essayer de l’aider un peu. 

– Qu’attendez-vous de moi Sam ? 

– Moi je n’attends rien de vous, mais laissez-lui une chance de s’expliquer, elle en a besoin, c’est ça qui la délivrera de cette vie qui ne lui convient pas. 

 

C’est sur ces derniers mots énigmatiques que le journaliste se leva et me quitta sans un regard derrière lui. Et moi je restai assis comme un con. 

 

J’étais arrivé à la croisée des chemins.  Soit j’en restais là, soit j’essayais de tirer toute cette affaire au clair, avec les risques que ça comportait. Pour une fois il allait falloir réfléchir sans suivre mes instincts et mes seules envies. J’avais trop à y perdre et cette histoire n’engageait pas que moi. Il fallait aussi penser à Wax et à Juliet. Prendre le risque de me faire démasquer par une journaliste en quête de gloire n’était pas une option, ni pour moi, ni pour eux. Jouer la sécurité ou prendre un risque, tout se résumait à cela. 

 

C’est dans cet état d’esprit que Cat me trouva quand il vint s’assoir à côté de moi, une bière à la main. J’allumai nerveusement une cigarette en soupirant. 

 

– Quoi ? demandais-je à mon ami qui me fixait sans rien dire  

– Depuis quand tu réfléchis toi ? D’habitude tu fonces, sans rien demander à personne 

– Je suis pas tout seul sur ce coup-là.  

– Vas-y, on te fait confiance 

– Juliet ?  

– On sera là pour elle, tous ensemble, comme on le fait depuis cinq ans, et on la protégera quoiqu’il arrive. 

– Merci Boy 

 

Je me levai, récupérai mes clopes et mon portable et je parti chercher mes explications. 

 

5 juin 2021

Chapitre 11 : Carlota

CHAPITRE 11 

Carlota 

 

La journée avait été longue. Après le départ de Nic je n’avais pas voulu m’attarder sur ce que je ressentais. Pas le temps, pas la force. J’avais couru à l’hôpital et entre les différents rendez-vous avec l’équipe soignante qui s’occupait de ma mère et la fin de journée passée à son chevet, Le temps avait défilé à une vitesse folle. Les nouvelles étaient plutôt bonnes et son réveil s’était bien passé. Elle était encore faible et oscillait entre veille et sommeil mais elle était vivante. Je m’étais concentrée sur elle et j’avais fait tout mon possible pour ne pas penser à Wax.  

Je repoussais un maximum le moment de rentrer chez moi, je ne voulais pas me retrouver seule avec mes pensées, mais en fin d’après-midi l’équipe médicale m’annonça que l’heure des visites étaient terminées.  

 

C’est donc résignée que je poussai la porte de mon appartement. Je fus tout de suite assaillie par son odeur qui flottait encore chez moi. Mon ventre se noua quand je me rendis compte que la dernière image que je garderai de lui était celle d’un homme blessé et en colère. Après les moments que nous avions traversés la veille, je trouvais ça injuste. Tout était de ma faute, je n’aurai pas dû accepter cette interview. C’était une erreur de base. Tout ce que j’avais construit depuis des années pour me protéger pouvait voler en éclat. Si Nic décidait de fouiller un peu plus dans mon passé, il découvrirait la vérité et cette fois ci je ne m’en relèverais pas. Et je ne pouvais rien y faire.  

En espérant que la musique puisse me détendre, je choisis un CD de Wax et l'insérai dans le lecteur puis je me roulai en boule dans le canapé, la tête enfouie dans les coussins, et je laissai les larmes se déverser. 

 

«Aujourd'hui tout est gris, le ciel et même la vie, juste un mauvais jour qu'il me faut bannir, peut-être même le pire.  
Le monde avance dans le mauvais sens, tout tourne à l'envers plus de marche arrière » 

Comme d'habitude j'avais trouvé une chanson de Wax qui collait aux circonstances du moment. Les images tournaient en boucle dans ma tête, je nous revoyais en train de discuter dans le salon de ses parents, lui se livrant un peu sur sa vie, moi l’écoutant ravie d’en savoir un peu plus sur mon idole J’eu l’impression de sentir à nouveau ses bras autour de moi quand je repensais à cet incroyable moment d’intimité que nous avions partagé sur la scène de leur studio de répétitions et surtout je me rappelai de moi, de cette sensation de liberté que j’avais ressenti près de lui et j'avais l'impression que ça faisait une éternité. 

 

"Aujourd'hui je pleure, demain je meurs, le monde avance, encore plus vite chaque jour, dans le mauvais sens, au point de non-retour. 
Tout tourne à l'envers, aujourd'hui je pleure, plus de marche arrière..." 

 

La chanson tournait en boucle depuis des heures quand on sonna à ma porte. Je réussis péniblement à sortir de mon canapé dans lequel je m'étais réfugiée et à aller ouvrir la porte. 

 

– Carl je viens d’apprendre la nouvelle pour ta mère. Comment ça va ?  

– Hey Sam..... 

 

C'est les seuls mots que je pus prononcer avant de m’écrouler dans ses bras en versant toutes les larmes de mon corps. Il me guida gentiment vers un fauteuil et s’accroupit auprès de moi.  

 

– C'est pour le documentaire sur Wax que t'as acheté leur album me demanda d'il en remarquant la musique qui s'égrenait dans la pièce. 

 

Sans le savoir il était entré dans le vif du sujet et mes larmes se remirent à couler de plus belle. J'étais prise au piège et j'allais devoir m'expliquer. Je me donnais quelques secondes pour me calmer et c'est d'une voix lasse que je répondis en soupirant. 

 

– Non Sam...Je connais Wax, sans doute même mieux que toi. 

– Hein ? 

– Ça fait presque 15 ans.  Je les ai suivi en tournée, j'achète tous leurs albums, j'ai lu tout ce qu'il y avait à lire sur eux, je sais tout de leur univers, je connais leur monde, je n’ai pas été qu’une de leur fan Sam, j’ai été une de leur groupie 

 

Sam me regardait d'un air complètement ahuri et visiblement il ne savait pas quoi dire. 

 

– Pas super crédible n’est-ce-pas pour la sérieuse petite journaliste politique que je suis ? 

– C'est pour ça que tu ne voulais pas faire l'interview de Nic Black, tu avais peur qu'il comprenne que tu les connaissais ? En même temps, il n'y pas de quoi en faire toute une histoire non ? 

– Si Sam, ce que tu ne comprends pas c'est que si une seule personne découvre ce pan de ma vie, le secret sera vite ébruité. Personne ne doit savoir, il en va de ma carrière et de ma crédibilité professionnelle. 

– Eh oh, calme-toi, ce n'est pas une honte de connaître Wax quand même, tu as le droit comme tout le monde d'avoir des passions et des centres d'intérêt différents de la politique quand même. 

–Tu ne comprends pas Sam 

– Arrête Carl, tu dramatises. Il y a encore de la marge entre toi et une groupie qui suit un chanteur dans toutes ses tournées, qui l'attend à la sortie des concerts, qui fait la bringue avec son groupe et qui finit souvent dans le lit de l'un d'entre eux. Tu n'es pas la nana paumée qui ne refuse pas un verre ou certains paradis artificiels que le monde du rock offre si facilement quand même ! 

– Plus maintenant non... 

–  Oh merde, mais tu déconnes là ? Putain, mais dis-moi que tu déconnes Carl !  Attend, c’est pas possible. Ah ouais, je comprends pourquoi tu voulais pas le faire ce putain d’interview.  

 

Il se leva du canapé sans ajouter un mot, visiblement aussi sonné que moi, et se dirigea vers le bar à la recherche d'un verre.  Mal à l'aise, c'est moi qui repris la conversation là où nous l'avions laissée. L'angoisse montait dans ma gorge et les larmes étaient à nouveau au bord de mes paupières. 

 

– Tu comprends maintenant pourquoi je ne peux pas prendre le risque que quelqu'un sache ce que j'étais avant. 

Sam avait compris je le savais, mais j'avais besoin qu'il me le dise, j'avais besoin de savoir que je pouvais toujours compter sur lui, qu'il était là pour moi. Comme s'il l'avait ressenti, il se rapprocha de moi et me passa le bras autour des épaules. J'appuyais ma tête contre lui et je tentais de me calmer en vain. 

 

– OK Carl très bien. D’abord on se calme et on réfléchit tranquillement. Où en es-tu de ton reportage ? Si ça te va, je vais finir l'immersion à ta place et Nic Black n'entendra plus jamais parler de toi.  

–  Je n’en suis nulle part Sam, il est parti 

– Je comprends rien, qui est parti ? 

– Nic, il est parti ce matin 

– Quoi ? Nic Black était chez toi ? 

– Oui, il a passé la nuit ici. 

– Hein ? Nan mais alors là c’est la cerise sur le gâteau ! 

– Il m'a raccompagné hier de l'hôpital et a passé la nuit ici pour que je ne sois pas seule.... 

 

Je m'interrompis étouffée par des sanglots en me souvenant du regard qu'il m'avait jeté avant de quitter mon appartement, un regard si méprisant qu'il en était encore douloureux, même en souvenirs. 

 

– Et il a découvert ses albums je suppose, conclut Sam en me serrant plus fort contre lui. 

– Gagné… 

– Ok. Ecoute Carl, tu vas prendre quelques semaines de vacances pour remettre un peu d’ordre dans tout ça car c’est un sacré bordel dans ta vie en ce moment. Moi je vais contacter Wax, on annule le projet. Tant pis pour le journal, on aura d’autres opportunités, ton avenir est bien plus important que tout ça.  

– Maryline va me tuer 

– Je m’occupe de lui expliquer que t’as des problèmes personnels, oublie le boulot pour une fois et occupe-toi de ta mère et de toi ? C’est bien plus important qu’un reportage, elle comprendra.  

– Merci Sam, merci d’être mon ami. 

– De rien ma jolie tout le plaisir est pour moi me répondit-il en m’embrassant sur le front.  

 

Nous discutâmes encore quelques minutes puis Sam après s’être assuré dix fois que ça allait aller, me laissa pour aller rejoindre sa femme et son bébé. 

 

2 juin 2021

Chapitre 10 : Nic

CHAPITRE 10 

Nic 

 

– Putain mais quel con c’est pas vrai !!!!  

 

J’étais en rage contre moi-même de m’être fait piéger comme un bleu. Je n’avais rien vu venir malgré les avertissements de Cat. Mais comment ça avait pu arriver ??? Furax, je chopai mon téléphone pour appeler mon pote. Il fallait que je lui en parle. Il m’avait prévenu de me méfier et je ne l’avais pas écouté. J’avais besoin de vider mon sac où j’allais exploser. Je composai son numéro en espérant qu’il me réponde. Il décrocha avant la fin de la première sonnerie.  

 

– Salut c’est moi. T’es où ? 

– A l’Astroboy, je bois un café et je vérifie quelques petites choses avec Choose pour ce soir. 

– Bouge pas, j’arrive. 

 

Je raccrochai sans en dire plus et je sautai dans ma bagnole, poussé par l’urgence de m’éloigner de Carlota Maxwell au plus vite.  

 

En arrivant devant le bar qui était également notre repaire à moi et au reste du groupe, ma colère ne s’était pas estompée. Je fulminai toujours et c’est comme une furie que je débarquai dans le bâtiment.  

 

– Déjà ? Tu deviens de moins en moins galant avec l'âge Nic, avant tu prenais au moins le petit dej’ avec tes conquêtes se moqua gentiment Cat en se levant pour m’accueillir 

– Putain c’est bon Cat, pas maintenant 

– Ah !  le beau Nic Black se serait-il fait jeter hors du lit de sa belle d'un soir ? 

 

Cat riait maintenant franchement devant ma tête pas très engageante.  

 

– Te marre pas Cat, on est dans la merde. T’avais raison sur toute la ligne, Carlota cache bel et bien quelque chose 

– Quoi ? 

– Je ne sais pas, mais elle nous connait Cat, elle sait tout de nous. J'ai trouvé chez elle tous nos albums, tous mes bouquins, tout ce qui a été écrit et filmé sur Wax. Je suis sûre qu’elle cherchait un scoop pour un tabloïd quelconque. 

– T’es sur de toi sur ce coup-là ? 

– Mais t’es bouché ou quoi ? Je te dis qu’elle sait tout de nous. J’ai trouvé planqué à l’étage de son appartement toute une étagère dédiée à Wax, elle a ma biographie, elle a le bouquin que j’ai co-écrit où j’explique le sens de toutes nos chansons. Elle à tous nos albums, toutes les vidéos de concerts. Tout je te dis, c’est presque flippant en fait. 

– Merde, c’était trop bizarre la façon dont elle s’emballée l’autre jour à l’hôtel en parlant de l’album, il me semblait bien que quelque chose ne tournait pas rond.  

– Je me suis fait avoir comme un con. Je me mettrai des tartes d’avoir été aussi naïf. 

– Attends, je vais peut-être me faire l’avocat du diable mais pour une fois je vais prendre sa défense. J’avoue que ce n’est pas quelqu’un que je portais franchement dans mon cœur mais  après l’avoir vue hier à l’hôpital, je me dis que c’est quelqu’un de sincère, elle ne pouvait pas nous jouer la comédie.  

– T’es en train de te faire avoir comme moi. C’est sa gueule d’ange qui fait cet effet 

– Arrête de te monter la tête et va lui demander des explications. 

– Pas moyen, je ne veux pas la revoir. Et au fait du coup pour la petite histoire, j’ai eu le fin de mot de l’histoire sur le fait que sa mère ne porte pas le même nom qu’elle. 

– Raconte 

– Si je te dis Arielle Morane, la femme de Marc Morane, le reporter assassiné il y a une dizaine d’années à Canary Bay, sous les yeux de sa famille 

– Mais oui, évidemment. Le journaliste véreux qui s’était fait descendre avec sa fille dans des conditions douteuses. L’affaire avait été assez vite étouffée et personne n’avait vraiment su  ce qu’il s’était passé. C’était le père de Carlota ?  

– C’est ça oui. Elle m’a raconté son histoire dans les grandes lignes hier soir.  

– Attend, elle te raconte un truc aussi intime et toi tu penses qu’elle essaie de nous doubler…ça n’a pas vraiment de sens. Ou on se trompe ou elle est vraiment très très forte en manipulation pour arriver à ses fins. 

– Elle ne m’a pas tout dit, j’en suis certain. Plus j’y réfléchis, plus je trouve ça louche. Qu’elle veuille garder son anonymat pour ne pas être associée à son père d’accord, mais de là à paniquer d’être vue avec nous… je sais pas, je trouve que c’est pas très clair encore son truc. 

– Ben va la voir et demande lui l’histoire en intégralité, au moins on sera fixé.  

– Non. Et puis je trouve que pour quelqu’un qui pouvait pas la blairer y a 24h de ça, t’as vite retourné ta veste toi 

– Jaloux ?  

– Mais qu’est-ce que tu peux être con des fois.  

 

Jaloux, non certainement pas, mais un peu amer, je devais bien le reconnaitre. Les moments que j’avais partagés la veille avec elle dans le studio chez mes parents tournaient en boucle dans ma tête. Je m’étais senti tout puissant en la serrant dans mes bras. Durant quelques secondes j’avais été le maitre de notre monde à tous les deux, un monde où rien ne pouvait nous atteindre, où plus rien n’avait d’importance. Si Cat ne nous avait pas interrompus, je sais ce qu’il se serait passé. Je l’aurai fait mienne, sans hésiter, je l’aurai fait reine de ce royaume que j’avais créé pour nous l’espace d’un instant.  

 

Il fallait que je mette un terme à tout cela. Je ne la reverrai pas, j’allais l’oublier et tirer un trait sur cette histoire. Tant pis pour la promo de l’album avec L-World , on trouverait bien quelqu’un d’autre avec qui travailler et je n’entendrai plus jamais parler d’elle.  

Pour le moment de toute façon j’avais d’autres choses à traiter. Cette nuit, nous devions jouer quelques chansons ici même à l’AstroBoy, pour jauger la réaction du public à notre retour. Rien de vraiment prévu, rien d’organisé, un petit truc improvisé pour les quelques clients qui se trouveraient ici. Malgré tout il y avait quelques arrangements à faire et ça nous occuperait bien toute la journée. Tant mieux, il fallait que je m’occupe l’esprit. 

 

En fin d’après-midi tout était calé pour la soirée. Brice nous avait rejoint pour les derniers détails et j’étais prêt à passer faire un saut chez moi quand mon téléphone sonna. Numéro inconnu, je ne décrochai pas. Mais le téléphone sonna à nouveau, une deuxième, puis une troisième fois. Je cédai et pris l’appel en soupirant. 

 

 

 

 

31 mai 2021

Chapitre 9 : Carlota

Chapitre 9 

Carlota 

 

Je ne pouvais pas parler, la terreur me paralysait. Le médecin que j’avais eu au téléphone avait été tellement vague que je ne pouvais pas m’empêcher d’envisager le pire. Mes relations avec ma mère étaient ce qu’elles étaient, nous n’étions plus sur la même longueur d’ondes depuis longtemps, mais elle restait ma mère. 

Perdue dans mes pensées, j’entendais vaguement Nic et Cat discuter. Finalement j’étais soulagée de ne pas faire le trajet seule, même si la compagnie des deux musiciens allait compliquer les choses. Cela faisait des années que j’essayais de ne pas attirer l’attention sur moi et arriver avec deux membres de Wax au chevet de ma mère ne manquerait pas de susciter un grand nombre de questions aux journalistes qui croiseraient sans nul doute notre chemin. 

 

 Nous roulions depuis environ une heure et les abords de la ville se dessinaient quand Nic se tourna vers moi d’un air inquiet. 

 

– Carlota, essaie ne pas laisser les idées les plus sombres t’envahir. Nous ne savons encore rien, ne te fais pas de mauvais films, avant d’en savoir plus.  

 

Les larmes se remirent à couler sans que je n'y puisse rien, il avait raison, cela ne servait à rien de paniquer avant d'avoir toutes les cartes en mains, mais la peur de perdre ma mère me paralysait et m’ôtait toute capacité à raisonner normalement. 

 

– J'ai tellement peur Nic hoquetai-je, je ne supporterais pas de la perdre, elle est mon fil conducteur, c'est elle qui m'a guidée quand je me perdais, elle a fait de moi ce que je suis aujourd'hui lui répondis-je sans pouvoir m'arrêter, elle est tout ce qu'il me reste de ma famille.... 

 

Les mots se bousculaient dans ma bouche sans que je ne puisse les arrêter, la panique me saisissait et au fur et à mesure que je parlais et je me rendais compte que j'allais trop en dire... 

 
Heureusement je fus interrompue par Cat qui arrêta la voiture à quelques mètres de l’hôpital. A travers mes larmes, je ne m’étais pas aperçue que nous étions arrivés. Le musicien se retourna vers moi et pour la première fois je vis autre chose que de la méfiance dans ses yeux. 

 

– Nous sommes arrivés Mlle Maxwell. Allez-y d’abord. Nous allons nous garer un peu plus loin et nous vous rejoindrons plus tard. 

– Merci de m’avoir ramenée, mais vous n’êtes pas obligés de rester avec moi, vous avez vos répétitions et… 

– On vient me répondirent-ils d’une seule et même voix. 

 

 Il semblait donc qu’il n’y avait plus rien à dire. Sans un mot de plus je descendis de la voiture et me dirigeai vers l’entrée du bâtiment 

Comme je l'avais deviné, une foule de journalistes était regroupée devant le hall. « Maudits collègues » pensai-je en chaussant mes lunettes de soleil et en détachant mes cheveux pour qu'ils me couvrent un peu le bord du visage, puis je me mis à prier pour qu'on ne me voie pas.  

Après toutes ces années d’effort, il était hors de question qu’on fasse le rapprochement entre moi et la femme dont ils attendaient des nouvelles, alors j’accélérai le pas en baissant la tête.  

 

Je réussi à gagner l’accueil des urgences sans être arrêtée, les reporters guettant plutôt un communiqué de presse les informant de l'état de santé de ma mère.  
En arrivant aux urgences, je m'adressai à l'infirmière assise derrière la banque d’accueil  

– Bonjour, je suis Carlota Maxwell, je cherche ma mère, Arielle Morane. 

– Votre mère vient d’être conduite au bloc opératoire, et malheureusement je n’en sais pas plus pour le moment. 

– Mais comment va-t-elle ?  

– Elle a été amenée par les secours qui ont été appelés par sa femme de ménage. Apparemment elle était présente quand votre mère a fait son malaise et c’est elle qui a communiqué votre numéro de téléphone aux pompiers.  

– Est-ce qu’elle va s’en remettre ? 

– Je ne sais pas madame, elle est en ce moment entre les mains de bons chirurgiens qui font tout leur possible pour lui sauver la vie. Nous en saurons plus dans quelques heures.  

 

Ces paroles m’assommèrent. La vie avait été dégeulasse avec moi et ma famille et ça continuait. Mon pessimisme reprit le dessus une fois de plus, j’allais perdre ma mère, j’en étais convaincue. Les larmes se remirent à couler et le désespoir dut se peindre sur mon visage. 

 

Devant ma mine défaite, l’infirmière sortit de l’accueil et s’approcha de moi. 

 

– Venez avec moi, je vais vous accompagner dans le salon des familles et je veillerai à ce que vous ne soyez pas dérangée. N'hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin de quelque chose, me dit-elle gentiment en me conduisant dans une pièce isolée au fond du service. 

 

 

 

Aussitôt la porte fermée, je me remis à pleurer, un sentiment de solitude bien connu me broyant le cœur. Comment ferais-je sans elle ? Elle n'avait pas toujours été tendre avec moi, souvent envahissante, mais c'est elle qui m'avait récupérée quand ma vie dérivait, c'est grâce à elle que j'avais retrouvé le chemin quand j'étais sur le point de me perdre, elle avait joué le rôle d'un phare dans mon brouillard...... 

Epuisée par toutes ses émotions, je m’allongeai sur le sofa et je fermai les yeux dans l’espoir que le sommeil me tombe dessus et fasse défiler le temps plus vite.  

 

 

– J’y comprends rien Nic comment ça se fait qu’il y ait toute cette foule devant l’hôpital. 

– Aucune idée franchement.  

– Mais c’est qui sa mère sérieux ? 

– Elle s’appelle Arielle Morane c’est tout ce que je sais. J’ai demandé à l’infirmière où je pouvais trouver Me Maxwell et sa fille pendant que tu prenais les cafés et elle m’a d’abord répondu qu’elle n’avait personne ici à ce nom-là. Il a fallu que je parle de Carlota, sa fille qui venait d’arriver,  pour qu’elle fasse le rapprochement. En fait elles ne portent pas le même nom.  

– Ca me dit quelque chose Arielle Morane mais pas moyen de savoir où j’ai entendu ce nom là 

– Ouais pareil pour moi. 

 

Je les entendis s’assoir autour de la petite table au centre de la pièce, mais je n’avais pas envie de les interrompre. Pas la force d’expliquer…. 

 

– Tu vas rester avec elle Boy ? 

– Ouais je pas moyen que je la laisse toute seule ici. 

– Tu t’es accroché Nic, tu t’en rends compte au moins ?  

– Peut-être…j’en sais rien en fait. C’est la première fois que je ressens un truc comme ça, c’est bizarre. 

– Réfléchis bien à tout ce que tu as à perdre Nic, avant de faire n’importe quoi avec elle. Et puis j’ai l’intuition qu’elle aussi elle pourrait y laisser des plumes alors fais gaffe. 

 

Je ne voulais pas en entendre plus ça devenait gênant autant pour moi que pour eux. D’un mouvement mal assuré et un peu sonnée je me redressai en position assise. 

 

– Salut.  

 

C’est tout ce que je pu dire. Pas envie, pas la force d’en faire plus. Nic se leva et vint s’accroupir près de moi.  

 

– Ca va ?  

– Bof…. 

 

Puis ce fut au tour de Cat de s’approcher également. Il resta debout mais posa sa main sur mon épaule en regardant son ami. 

 

– Prend soin d’elle Nic. Moi je vais prendre un taxi et rentrer. Je reste sur Paris ce soir. N’hésite pas à m’appeler si t’as besoin de quoique ce soit.  

– Merci Boy, lui répondit Nic en lui serrant la main et en le raccompagnant à la porte. 

 

Je me levai également, il fallait que j’aille aux toilettes et que je me rafraichisse un peu le visage. Il fallait aussi que je me prépare aux questions de Nic au sujet de ma mère, à ce que j’allais lui dire et à ce que j’allais garder pour moi.  

 

A mon retour, il avait pris ma place sur le sofa et buvait son café. Il me tendit un gobelet fumant posé à côté de lui. 

 

– T’as eu des nouvelles en arrivant ?  

– Elle est au bloc pour le moment. Il  n’y a rien à faire à part attendre là, sans ne rien maitriser. Je me sens tellement impuissante. 

– Nous allons attendre ensemble fut tout ce qu'il me répondit d'une voix apaisante. 

 

Le silence s’abattit dans la pièce et il m’oppressait. Je savais qu’il se  posait tout un tas de questions au sujet de ma mère, et il me semblait que je lui devais au moins une partie de l’histoire. Il avait laissé tomber son groupe, et ses répétitions pour m’accompagner, sans un mot, sans rien demander, et maintenant il attendait patiemment des nouvelles d’une femme qu’il ne connaissait pas. Alors je me lançai. 

 

– Ma mère s’appelle Arielle Morane. 

– Je sais. 

– Mon père s’appelait Marc Morane, et il était journaliste politique…comme moi. 

– Ah putain mais  oui…. Je savais bien que le nom de ta mère me disait quelque chose.  

– Il y a dix ans de ça, le nom de notre famille était connu de tous, mais heureusement le temps à fait son œuvre et les gens ont peu à peu oublié. 

– Je ne me rappelle pas des détails de l’histoire, mais je me souviens des images qui étaient passées à la télé. La femme de Marc Morane et sa fille, rapatriées en France après son assassinat à Canary Bay. 

– Moi non plus je ne me souviens plus très bien en fait. Nous étions choquées et abruties de tranquillisants. Notre retour reste flou dans ma mémoire. Mais c’est bien moi, oui, une de ses filles….la jumelle rescapée. 

– Oh putain ! Merde ! C’est donc ça qui explique la horde de journalistes devant l’hôpital, ils attendent des nouvelles de la veuve de Marc Morane.  

– Oui j’imagine qu’ils attendent la nouvelle de son décès pour mettre un point final à cette histoire.  

– Quelle histoire ?  

– Mes parents ont été décrié par l’opinion publique de nous trimballer moi et ma sœur dans des pays en guerre. Ils ont été traités de parents irresponsables. A notre retour ma mère a été pourrie par la presse. On lui a reproché d’être plus ou moins responsable de la mort de Salomé, ma sœur, de pas avoir su la protéger. Selon la presse, elle méritait ce qui lui arrivait en quelque sorte. 

– Elle a dû passer par des moments affreux. 

– Oui mais comme elle a choisi ne pas répondre à ces accusations de merde, les journaux sont allés encore plus loin. Ils ont fouillé dans la vie de mes parents, en insinuant que s’ils nous laissaient vivre comme cela dans un pays en guerre, c’est peut être qu’ils avaient des intérêts financiers à y rester. De là sont parties les spéculations les plus dingues.  

– Oui je me souviens maintenant. J’avais vu un reportage qui racontait que ton père était payé par le gouvernement pour travestir la vérité sur ce qu’il se passait réellement à Canary Bay. Que c’était un journaliste corrompu et véreux à la solde de l’état.  

– C’est à peu près ça oui. Et puis l’affaire a été assez vite effacée car le raid destiné à nous libérer à tourné au fiasco et le fait que ma sœur et mon père aient été abattus sous nos yeux est vite devenu suspect. Les gens ont commencé à se demander si finalement cette fin tragique n’était pas un peu trop commode pour certains membres du gouvernement. 

– J’imagine que c’est pour cela que tu as changé de nom et que tu ne tiens pas à attirer l’attention sur toi. 

– T’as tout compris oui. C’est pour ça que je me contente de la presse écrite et que je n’apparais jamais à la télévision. Personne ne connait le visage de Carlota Maxwell. Même si j’ai beaucoup changé, je ne veux pas prendre le risque d’être reconnue.  

– Waouh, et bien j’avoue que là je suis complètement scotché par ton récit, c’est un truc de dingue. C’est pour ça que tu ne voulais pas être vu avec nous. Nous aurions attiré le regard de la presse sur toi. 

– C’est ça oui, entre autre choses….. 

 

Je fus interrompue par la porte qui s’ouvrit, et je sursautais perdue dans mon récit. Je ne  laissai même pas le médecin commencer à parler : 

  

– Comment va ma mère ? 

 

Il me répondit avec un air bienveillant, mais le ton qu’il adopta pour me répondre ne me semblait guère encourageant pour la suite. Je m’assis pour me préparer au pire et Nic en fit autant. Il semblait soucieux en me regardant et j’en conclus que mon visage devait refléter ma peur 

 

– Mademoiselle Maxwell, nous avons opéré Madame Morane et tout s'est bien passé, elle est en salle de réveil, puis elle sera transférée dans le service des soins intensifs. 

 

Je sentis immédiatement le soulagement déferler dans ma poitrine, un poids énorme quitta mes épaules et j'eu l'impression que  la terre recommençait à tourner. Dans un élan d'euphorie je me jetai au cou de Nic. Ses deux bras puissants m'entourèrent la taille et il plongea son regard dans mes yeux. 

 

– Je suis heureux pour toi Carlota, sincèrement, tu ne méritais pas encore une épreuve comme celle-ci. 

 

Le médecin toussota, coupant cours à mes réflexions. 

 

– Mademoiselle, votre mère a été sauvée sur ma table d'opération, mais elle n'est  pas l'abri d'une autre défaillance cardiaque. Même si nous la surveillons de près les prochaines heures seront décisives. Vous ne pourrez donc pas la voir ce soir. Je vous propose que l'on se revoie demain pour parler des suites opératoires et faire le bilan de la nuit. 

 

C'était donc une demie victoire, mais pour l'heure ma mère était sauve et entre de bonnes mains. J'allais pouvoir souffler un peu. Quand la peur a été intense, même la moitié d'une bonne nouvelle semble un cadeau et c'était le cas pour l'instant. L'angoisse reprendrait sans doute sa place demain mais pour l'heure je ne voulais que manger quelque chose, prendre un bain chaud pour détendre mes muscles fourbus et dormir. 

Après avoir pris rendez-vous pour le lendemain avec le cardiologue, je rassemblai mes affaires et pris mon téléphone pour appeler un taxi 

 

– Je te raccompagne Carl entendis je Nic qui fouillait dans les poches de son jean à la recherche de ses clés. 

 

J'avoue que je fus ravie de sa proposition. J'étais trop fatiguée pour être gênée ou quoique ce soit d'autre, j'étais juste soulagée de ne pas avoir à attendre un taxi. 

 

– Merci Nic de tout ce que tu as fait pour moi aujourd’hui lui répondis je 

– C'est normal Carlota, je ne voulais pas que tu fasses front à cela seule. On va passer  par le parking souterrain pour rejoindre la voiture. Je suis garée dans une rue derrière l'hôpital. Nous éviterons la foule de tes collègues qui sont postés à l'entrée. 

 

Nous réussîmes à regagner la voiture sans problème, les journalistes étaient occupés à interviewer le médecin qui avait opéré ma mère et qui était sorti sur le parvis pour donner des nouvelles sur son état de santé. A peine installés dans la voiture, Nic se tourna vers moi et prit la parole d'une voix qui ne tolérait pas la négociation 

 
– J'aurais aimé t'emmener chez moi cette nuit mais mes parents occupent mon appartement. Je ne veux pas te laisser seule, les événements des dernières heures t'ont bouleversée Carl et tu as besoin de quelqu'un à tes côtés. Je vais passer la nuit chez toi et veiller que tu ailles bien. 

 

Franchement celle-ci je ne l'avais pas vu venir, mais très sincèrement je me sentais trop épuisée pour me battre avec Nic. Il voulait passer la nuit chez moi, très bien. Il dormirait sur le canapé et demain matin il partirait. Fin de l'histoire pour ma part. J’avais pour le moment d’autres choses à gérer que mes émotions au sujet de Nic. On verrait ça plus tard. 

 

En arrivant chez moi je tenais à peine sur mes jambes, encore noyée par les émotions de la journée. Nic avait paru pensif durant le court trajet qui nous ramenait de l’hôpital, peut-être était-il surprit que je ne me sois pas rebiffée contre sa proposition,  alors il pensait à la réorganisation de ses répétitions, je ne savais pas vraiment. 

En ouvrant la porte je fus soulagée de trouver mon appartement à peu près en ordre, ce qui n'était pas vraiment habituel chez moi. Je n’étais pas franchement ce qu’on appelle une fée du logis.  

Nic posa ses clés sur la petite commode de l'entrée et laissa son regard découvrir mon environnement. Mon appartement n'était pas vraiment grand, mais il était confortable et je m'y sentais bien, il me correspondait. Dans un coin du salon j'avais aménagé un coin bureau où se trouvait ma table de travail et de nombreux ouvrages sur les différentes politiques et religions du monde, empilés contre les murs.  
En face se trouvait le minuscule coin cuisine séparé du salon par un comptoir. Je n'avais pas besoin de plus, car je détestais cuisiner et mes repas étaient souvent pris sur le pouce. La nourriture n'avait vraiment pas grande importance pour moi de toute façon. 

Dans l'angle opposé, l'escalier en colimaçon menait à ma chambre et au boudoir attenant où je m'étais aménagé un coin télé. 

 

– On se croirait sur un arc en ciel chez toi me dit Nic d’une voix surprise quand il eut fini de découvrir l’univers que je m’étais créé. 

 

En effet j'avais repeints en couleurs vives mon appartement quand je l'avais acheté, comme pour fuir le malheur et le noir qui avait régit ma vie pendant un temps. Le rezde-chaussé était décoré dans le ton de jaune et orangé, sauf la cuisine que j'avais peint dans les tons de parme et vert anis. Quand le soleil se levait le matin les couleurs étaient ravivées par la lumière et ça me mettait de bonne humeur. 

 

– Je ne m'attendais pas à ça continua Nic surpris, je t’aurai plutôt imaginée dans un univers blanc et dépouillé. 

– Moi aussi je cache ma part de mystère lui répondis-je rapidement. Fais comme chez toi, prépare-toi un thé si tu veux il doit y en avoir quelque part. Moi je vais prendre une douche. 

 

C'est avec bonheur que je sentis le jet brûlant d'eau chaude détendre les muscles raidis de ma nuque. Je pris cinq minutes, me sentant un brin coupable,  pour revivre les événements de la journée passée avec Nic. Tout y passa de la répétition avec la découverte des Silences de Juliet , puis le moment d’intimité partagé dans le studio et pour finir par les terribles heures passées à l’hôpital. Sentant la tristesse débarouler à nouveau sur mes épaules, je mis fin à mes réflexions et m'habillai pour aller rejoindre Nic au salon.  
C'est avec surprise que je découvris le spectacle qui m'attendait. Nic avait réussi par miracle à nous préparer à dîner. Je dis par miracle car comme d'habitude mes placards étaient plutôt vides. Il avait quand même trouvé de quoi faire une salade composée avec des toasts au fromage de chèvre suivie de pommes au caramel. Ou j'avais traîné plus que je ne le pensais dans la salle de bain, ou ce mec était un génie de la récupération culinaire. 

 

– Il ne fallait pas te donner tant de mal Nic 

– J'avoue que j'ai dû faire un effort d'imagination parce que ta cuisine est plutôt vide me répondit-il avec ce petit sourire qui me faisait craquer. C’est juste dommage qu’on n’ait pas un peu de musique pour nous accompagner 

– ah... Je n'écoute pas souvent de musique mentis-je effrontément en pensant à l'intégral de ses albums soigneusement rangés dans le boudoir de l'étage 

– Pourtant la vie devrait toujours être bercée par la musique, elle aide à traverser les moments difficile, à vivre à 200% les moments heureux, elle apaise l'âme. 

 

Ne sachant quoi répondre je me mis à manger pour clore cette conversation qui me menait sur un chemin périlleux. Je voyais bien ce qu'il voulait dire, Wax avait toujours été mon refuge et sa musique avait rempli bien des nuits sans sommeil... 

 

Le jour s'était couché et Nic avait allumé les petites lampes disposées dans les coins de la pièce. La lumière tamisée rendait ce moment intime et je commençais à me détendre un peu, oubliant l'angoisse qui s'était tapie au fond de ma tête. Le silence nous enveloppa confortablement et nous terminâmes de manger tranquillement. 

A la fin du repas, je me levais pour débarrasser la table et préparer ce qu'il fallait à Nic pour passer la nuit sur le canapé, puis je me retournai vers lui pour lui souhaiter bonne nuit. Il avait pris sur la pile de livres un documentaire sur la crise identitaires des pays d'Afrique et sur les groupuscules indépendantistes qui sévissaient sur ce continent. 

 

– Un jour tu me raconteras me demanda-t-il d'une voix douce ? 

– Un jour peut être lui répondis-je tristement puis je gravis les l'escalier pour fuir les souvenirs qui me rattrapaient 

 

Curieusement ma nuit ne fut pas mauvaise. J'avais dormi d'un sommeil sans rêves, terrassée par la fatigue et apaisée par la présence de Nic au rez-de-chaussée. Allongée dans mon lit, j'étais en train de planifier ma journée quand j'entendis du bruit à l'étage. Je me levais brusquement et j'ouvris la porte qui menait au boudoir. 

Il y avait sur le sol un plateau chargé de tartines beurrées et un café. Face à l'étagère où étaient rangés tous les CD de Wax, Nic me dévisageait l'album Paradize à la main. Je sentis le sang quitter mon visage et je voulus dire quelque chose mais les mots me manquèrent. Ce fut lui qui parla le premier 

 

 –Il va falloir m'expliquer qui tu es Carlota Maxwell et ce que tu cherches. En fait non, je ne veux pas savoir, tu t’es bien foutue de moi en tout cas, et je ne veux plus jamais entendre parler de toi. 

 

 

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