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14 décembre 2020

Chapitre 4 : Nic

CHAPITRE 4 

Nic 

 

 

J’étais en colère. Je jetai le magazine sur la table basse posée devant moi. 

 

– Qu’est ce qu’il t’arrive Boy me demanda Cat en rigolant car il connaissait déjà la réponse 

– C’est de la merde cet article 

– T’es pas objectif. T’as juste les boules car ce n’est pas ta journaliste préférée qui l’ écrit c’est tout. 

 

Ca faisait une semaine déjà que Carlota était sortie furieuse du restaurant où je l’avais invité à diner. J’avais essayé de contacter la rédaction du journal où elle travaillait, mais on avait refusé de me donner son numéro de téléphone. Notre chargé de communication avait donc appelé un autre magazine pour faire l’interview. Les deux heures de questions-réponses, passées avec un gamin fraichement sorti de l’école qui nous regardait avec des yeux de merlan frit m’avaient profondément saoulé. Et tout ça pour une double page qui n’apportait rien au lecteur sauf l’information importante que j’étais un homme renfermé. Tu parles !  C’est Brice qui avait mené la majorité de l’entretient, tant j’avais trouvé ça inintéressant.  

 

– Pourquoi elle t’obsède comme ça cette nana continua Cat.  

– Je ne sais pas, elle a quelque chose. J’ai le sentiment qu’elle cache un truc. Plus j’y pense, plus elle m’intrigue 
– Laisse tomber Nic, ça ne t’apportera rien de bon.  

– J’essaie mais je n’y arrive pas. Il faut que je la revoie 

– A moins de faire le siège du journal où elle bosse, je vois pas comment tu vas faire.  

– J’ai ma petite idée.  

 

C’est de bonne humeur et optimiste que je m’engouffrai le lendemain matin dans la voiture qui m’attendait devant l’hôtel.  

 

– On va sur le Boulevard Beaumarchais dans le 3e Santo. A la rédaction du magazine « L-World » 

– Bien Nic.  

 

J’appréciai Santo. Il était à mon service depuis nos débuts. Doté d’un calme olympien et d’une efficacité sans faille, il tempérait souvent les situations compliquées. J’avais entièrement confiance en lui, et il était un membre important de mon équipe. En plus d’assurer la sécurité du groupe, il était devenu mon homme de confiance.  

Le trajet ne nous prit pas longtemps. Le quartier du Marais était relativement calme ce matin et Santo me déposa devant le journal sans encombre.  

 

– J’espère ne pas en avoir pour trop longtemps lui expliquais je. Vous pouvez m’attendre.  

– Bonne chance Nic me répondit-il avec un sourire amusé 

– Je vais en avoir besoin je crois. Merci Santo. 

 

Je gagnais les locaux du journal d’un pas rapide. Je ne voulais pas me faire arrêter par des fans dans la rue. Je devais rester discret et surtout, ne pas croiser Carlota avant que mon projet n’ai abouti.  

 

Je rejoins l’accueil sans encombre. Le hall était désert. La secrétaire en train de taper sur son clavier d’ordinateur ne sembla pas me reconnaitre.  

 

– J’ai rendez-vous avec Maryline Duras  

– Donnez-moi votre nom Monsieur s’il vous plait 

– Monsieur De Mars lui répondis-je en souriant l’air de rien.  

 

Il m’arrivait, quand je voulais rester discret d’emprunter le nom de Cat. Ca le faisait hurler quand il l’apprenait, et moi ça me faisait rire, tout en me fournissant une couverture souvent bien utile.  

 

– Madame Duras arrive Mr De Mars m’indiqua la secrétaire en se remettant à pianoter sur son clavier, sans m’accorder un regard de plus. Mauvais pour l’ego quand même. 

 

Quelques minutes plus tard, une grande blonde d’une cinquantaine d’années charpentée comme un déménageur déboula d’un escalier et se planta devant moi en me tendant la main. 

 

– Bonjour Monsieur……euh…De Mars. Je suis Maryline la directrice du journal. Veuillez me suivre s’il vous plait. 

 

Je n’eu pas le temps de répondre, elle avait déjà fait demi-tour. Je n’eu plus qu’à la suivre jusqu’à son bureau.  

Je la laissai s’assoir avant d’en faire de même, un peu décontenancé par son accueil. Je n’avais pas trop l’habitude. En général c’était plutôt champagne et tapis rouge.  

 

– Alors Monsieur Black, expliquez-moi ce qui vous amène.  

 

Le ton de sa voix était plutôt sec et presque intimidant. Elle n’allait pas me laisser l’embobiner à priori. La mission « Carlota » allait peut-être s’avérer un peu plus difficile que prévu. 

 

– Merci de me recevoir Madame Duras, surtout à l’improviste. J’imagine que votre agenda de directrice doit être chargé et…. 

– Ecoutez Monsieur Black, allons droit au but. Après l’annulation de l’article de la semaine dernière, votre visite me parait un peu étrange. Et puis le fait d’en faire tout un mystère ne me rassure pas vraiment. Alors je vous écoute 

 

Waouh ! Elle était cash, pas de fioritures inutiles. Droit au but. J’aimais plutôt ça d’habitude mais aujourd’hui j’aurai bien aimé qu’elle soit un peu plus sensible à mon charme. Ca m’aurait sans doute facilité la tâche.  

 

– Je suis venu pour m’excuser d’avoir fait capoter l’article qui devait paraitre dans « L-World » 

– J’apprécie, mais c’est auprès de Mademoiselle Maxwell qu’il fallait présenter des excuses. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, elle ne me l’a pas dit, mais je la connais assez bien pour savoir qu’elle n’a pas renoncé sans bonnes raisons. J’ai toute confiance en elle, et quand elle m’a dit qu’il n’était pas possible pour elle d’écrire ce reportage, je l’ai accepté sans chercher à en savoir plus. Elle semblait assez bouleversée et très en colère contre vous. Cela m’a suffit. 

– Je reconnais que je n’ai pas été très correct avec elle et je le regrette. Carlota semble être une excellente journaliste et nous aurions aimé que cet article soit traité par votre magazine. Il aurait sans doute été beaucoup plus instructif pour les lecteurs que celui qui est paru dans la presse ce matin.  

 

J’avais gagné son attention. Je le voyais à son regard perçant posé sur moi. D’un geste rapide elle saisit un paquet de cigarette dans son tiroir, en prit une et fit glisser le paquet vers moi.  

 

– Il est un peu tard pour regretter Monsieur Black non ? 

– J’ai quelque chose à vous proposer Maryline. Une immersion. Un reportage de deux jours pendant nos répétitions, dans un lieu tenu secret. L’exclusivité de quelques chansons qui ne sont pas encore connues du public. De quoi écrire un numéro spécial sur Wax, qui sans aucun doute fera décoller vos ventes. 

 

Je vis son visage se transformer au fur et à mesure que je parlais. Son expression fermée se détendit et un sourire apparut sur ses lèvres. J’avais fait mouche apparemment. Maryline Duras était une véritable femme d’affaire. Elle était bien plus sensible à l’idée de gagner beaucoup d’argent qu’à mon charme.  

 

– C’est très généreux de votre part comme proposition. Je ne peux évidemment pas refuser. Laissez-moi organiser cette rencontre pour la semaine prochaine. Notre journaliste musical sera de retour de congé et c’est un de vos plus fervents fans. Je suis sûre qu’il sera ravi de rencontrer Wax.  

 

Merde ! Je n’avais pas dû bien me faire comprendre visiblement. C’est avec Carlota que je voulais faire cet article et là elle me balançait un illustre inconnu dans les pattes. Pas moyen.  

 

– Maryline, il y a une condition à cette immersion 

– Je me disais bien que ça cachait quelque chose me répondit elle en écrasant sa cigarette. 

– Nous voudrions que ce soit Mademoiselle Maxwell qui écrive l’article. Personne d’autre. Condition non-négociable.  

– Elle n’acceptera pas Monsieur Black. Elle ne vous fait pas confiance. Ecrire un article dans de telles conditions n’apportera rien de bon. Ni à elle, ni à vous, ni à « L-World ». Condition non négociable chez nous non plus.  

 

Raté ! Elle était dure en affaire et visiblement appréciais assez Carlota pour ne pas la mettre en difficulté, même devant un marché très rentable pour elle. La partie allait être serrée.  

 

– Nous voulons Carlota, ce sera avec elle ou rien ne se fera entre Wax et « L-World »  

– Et je vous le répète Nic, jamais je ne lui forcerai la main. 

– Essayez au moins de la convaincre. Ne refusez pas avant de lui avoir posé la question. Dans l’hypothèse où elle accepterait, peut être pourrions-nous envisager une sorte de partenariat entre votre journal et notre groupe pour couvrir l’ensemble de la tournée… 

– Vous êtes en train d’essayer de me manipuler Nic, et je n’apprécie guère. Pour quelle raison poursuivez-vous Carlota, qu’est-ce qui vous pousse à essayer de la revoir à tout prix. C’est une jeune femme honnête et sensible et elle mérite le respect. 

– Maryline, Carlota n’a rien à craindre de moi. Je veux lui offrir l’opportunité de cet article, car je regrette profondément la façon dont s’est terminé notre rencontre. Je n’ai pas assez pris en compte sa sensibilité malheureusement, et c’est justement cette partie-là de sa personnalité qui m’intéresse. Cette fille a une sorte de naïveté dans les yeux, et c’est ce que veux qu’elle transmette à notre public. Ce sera pour eux une redécouverte de Wax à travers la pureté du regard de Carlota. C’est sa sincérité que je cherche. Nous n’avons pas besoin d’un gratte-papier qui fera un simple récit dénué d’émotion sur une répétition du groupe. J’ai besoin quelqu’un qui se laissera absorber, à cent pour cent par notre univers. J’ai besoin d’elle. 

 

Maryline m’avait compris. Elle resta silencieuse le temps d’allumer une autre cigarette mais je sentais que je l’avais touchée. 

 

– Quelque chose m’échappe Monsieur Black, mais je vous crois sincère et je vais vous faire confiance. Ne me le faites pas regretter. Vous avez la possibilité de faire de « L-World » un magazine tendance, grâce à cette exclusivité. Mais n’oubliez pas non plus, que si les choses tournent mal et que Carlota en souffre, « L-World » a aussi la possibilité de ternir gravement votre réputation, et c’est moi qui m’en chargerai. 

–  Nous sommes d’accord alors. 

– Encore une chose Mr Black avant que nous n’en ayons terminé, reprit-elle en saisissant sont téléphone, vous avez mon accord, mais je vous laisse le soin de convaincre Carlota. C’est à elle d’avoir le dernier mot.  

 

Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit sur Carlota. Maryline et moi étions étions restés silencieux en attendant son arrivée, fumant cigarettes sur cigarettes, chacun plongé dans nos pensées. Il allait falloir être subtil et convaincant. J’aurai préféré que Maryline accepte sans conditions et impose l’article à Carlota, sans que je n’aie à intervenir. A priori elle avait trop d’estime pour elle pour agir de la sorte, ce qui n’allait pas me faciliter la tâche, mais la victoire n’en serait que plus agréable.  

Ce que je remarquai tout de suite, c’était son visage fermé. Elle avait compris que j’étais là, quand Maryline l’avait appelé pour lui demander de nous rejoindre.  

Elle s’assit sans un mot, le plus loin possible de moi. Un masque d’impassibilité était posé sur son visage, mais je sentais qu’elle était ravagée par la colère. Ses mains étaient posées bien à plat sur ses genoux, sans doute pour les empêcher de trembler. Elle restait silencieuse, elle attendait. Moi, je la regardais.  

 

– Carlota entama Maryline pour rompre le silence, Mr Black à une proposition à nous faire. 

– C’est une habitude chez lui de faire des propositions Maryline, mais il n’y pas grand-chose derrière.  

 

Waouh, elle attaquait fort. Je ne pus étouffer un petit rire devant le mordant de la demoiselle. 

 

– Carlota, nous sommes partis vous et moi sur de mauvaises bases.  

– En effet oui répondit elle en plantant son regard dans le mien. Je vous avais prévenu Nic, que je ne voulais jamais plus avoir à faire à vous, et vous êtes pourtant là. Que me voulez-vous ? 

– Vous, votre regard, vos mots et votre objectivité pour écrire sur Wax 

– Non. 

 

La partie allait être serrée. Maryline s’en rendit compte et à ma grande surprise, se rangea de mon côté.  

 

– Carlota, Wax nous offre une immersion dans leurs dernières répétitions. C’est une opportunité énorme pour le journal et je connais ton professionnalisme. Ne te laisse pas influencer par une mauvaise impression. Travaille avec eux comme tu le ferais avec n’importe qui d’autre. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé lors de votre première rencontre mais je te demande de mettre ta rancune de côté et d’essayer de bosser avec Wax. 

 

Eh bien, pour quelqu’un qui ne voulait pas intervenir, Maryline venait de me faciliter la tâche. Je la remerciai d’un hochement de tête.  

 

– Carlota, acceptez le deal. Je vous promets un week-end hors du commun, vous ne serez pas déçue. Laissez-moi la chance de vous faire changer d’avis sur nous, sur moi. Votre opinion compte pour moi et je vous prie de m’excuser si je vous ai blessée d’une quelconque manière. 

 

Mes derniers mots furent les bons. Je sentis sa reddition avant qu’elle ne dise un mot. Ses épaules se détendirent. Elle en avait fini avec son combat intérieur. J’avais raison, sa rancune était centrée contre moi, c’était quelque chose de très personnel. A un moment je l’avais déçue et elle m’en voulait pour cela. Pourquoi ?  

 

– Deux jours Nic et après ce sera terminé. 

 

Elle n’ajouta rien. Elle se leva et se dirigea vers la porte sans un regard de plus vers moi, le visage à nouveau dénué d’émotion. Pourtant, ses mains tremblaient. 

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