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26 mai 2021

Chapitre 7 : Carlota

CHAPITRE 7 

Carlota 

 

Les pensées qui s'entrechoquaient dans ma tête étaient devenues complètement incohérentes. 

Sitôt que les lèvres de Nic avaient effleuré les miennes, je m'étais sentie tomber dans une spirale infernale, telle Alice au Pays de Merveilles. Plus rien ne comptait sauf la chaleur de sa bouche, sauf ses mains sur mon visage et les multitudes de sensations qui s'éveillaient au creux de moi. Je nouai mes bras autour de son cou et je passai mes mains dans ses cheveux, ce qui provoqua un soupir de plaisir de sa part. 
Je ressentis une bulle de sensualité m'envelopper, plus rien ne comptait sauf ce besoin de le toucher, de le sentir, de le respirer. Nos souffles se faisaient de plus en plus courts, nos mains de plus en plus pressantes. Tous deux, à cet instant nous en étions sûrs, ce qui devait arriver, arriverait. 

 

Soudain, un flot de lumière envahit la cuisine, rompant le charme si fragile de l'instant.  
Surpris Nic se recula, me laissant tremblante de ce qui aurait pu se passer, et s'approcha de la fenêtre pour voir qui venait de se garer dans la cour, éclairant au passage de ses phares la cuisine de ses parents. 

 

– Tiens tiens, on dirait que Brice et Cat sont un peu en avance me dit-il en souriant quand il reconnut ses amis. 

 

La gêne me submergea et je n’eus plus qu’une seule envie, prendre mes jambes à mon cou et filer. Qu’est ce qui m’avait pris ? Cet homme était un dragueur assumé, et cerise sur le gâteau, il avait déjà quelqu’un dans sa vie. Il avait l’art et la manière de de me faire perdre la tête, et il ne lui avait manqué que quelques minutes pour arriver à ses fins. J’avais besoin de me retrouver seule pour analyser ce qu’il venait de se passer. D’un pas mal assuré, un peu sonnée, je me dirigeai vers la porte qui menait aux escaliers, bien décidée à gagner ma chambre.  

 

– Carlota, restez me dit Nic en me regardant comme on ne m'avait jamais regardée. Nous n'avons pas encore mangé. 

– Ma faim s'est envolée lui répondit je en rougissant et en lui rendant son regard 

– Pas la mienne Carlota, pas la mienne..... 

 

Il fut interrompu par l’entrée fracassante de ses musiciens dans la cuisine. Brice avait l’air franchement amusé, et Cat comme à son habitude, arborait un air renfrogné. 

 

– Qu'est-ce que tu nous as préparé à dîner Nic demanda-t-il à son ami d'une voix  goguenarde 

– Franchement Boys, je ne m'attendais pas vraiment à vous voir maintenant. 

– On te dérange Nic ?   

– Pas du tout, ça me fait plaisir de vous voir, c'est juste que je ne vous attendais que demain lui répondit le chanteur sans relever le sous-entendu de son guitariste. 

– On a du mal se comprendre sur le timing du reportage, puisque Melle Maxwell est déjà là. 

 

 Un peu mal à l'aise, j'assistais à l'échange entre les membres du groupe. Une tension était indéniablement apparue dans la pièce depuis que Cat avait pris la parole. Préférant les laisser entre-eux et profitant du fait que Nic ne faisait pas vraiment attention à moi, je m'éclipsai discrètement pour rejoindre la chambre dans laquelle il m’avait installée. J'avais besoin de me retrouver seule, je devais faire un point avec ma conscience à propos de ce qui s'était passé quelques instants auparavant.... 

Alors furtivement, je me faufilai jusqu'aux escaliers qui menaient à ma chambre. Soulagée de me retrouver seule je poussai un profond soupir en refermant la porte derrière moi et je laissai errer mon regard à travers la pièce. La pièce était joliment décorée dans les tons de blanc et marron clair et dégageait une sensation apaisante. Madame Black avait incontestablement un goût exquis. Des bibliothèques étaient appuyées le long des murs, éclairées par des petits spots qui diffusaient une pâle lumière sur la tranche des livres. Des bougies avaient été éclairées sur les commodes pour donner une atmosphère apaisante encore plus forte, et un nombre incalculable de coussins et oreillers en tout genre recouvraient le lit. Tout dans cette pièce appelait à la sérénité, et la tension que je ressentais  depuis que j'avais quitté la cuisine, retomba doucement. 

 

Un peu calmée, je quittai mes chaussures et me laissai tomber sur lit. Une bonne nuit de repos, c'est ça qu'il me  fallait pour me remettre les idées au clair. Certes j'avais cédé à la tentation, mais toutes les conditions étaient contre moi. Des lumières tamisées, un instant de complicité, la voix si sensuelle du chanteur qui murmurait à mon oreille, bref tout ce dont j’avais rêvé quelques années auparavant. Mon fantasme avait été sur le point de se réaliser. Ça avait été tellement bon de se laisser aller, de découvrir au contact de Nic des sensations nouvelles, en oubliant tous les obstacles. Pour la première fois depuis longtemps, je n’avais pas envie de culpabiliser. Cela ne se reproduirait plus j'y veillerai mais j'étais bien décidée à garder ce moment d'intimité comme un bon souvenir. 

Ragaillardie par mes bonnes résolutions, je me relevai pour chercher mon téléphone et consulter mes mails avant de me coucher 

 

Merde, quelle gourde j’étais. J’avais oublié de me récupérer mon sac avant de m’éclipser tout à l’heure. Discrètement, pour ne pas me faire remarquer, je poussais la porte, et fut tout de suite attirée par des éclats de voix au rez-de-chaussée.  

 

– Putain Nic tu peux pas t'en empêcher, dès que tu vois une jolie femme il faut que tu la mettes dans ton lit, c'est plus fort que toi on dirait, c’est pas possible !  

 

La voix grave et forte de Cat me stoppa dans mon périple vers l'étage inférieur. Mon sang se glaça, il n'était jamais bon de surprendre une conversation, au risque d'entendre des choses qu'on aurait préféré ignorer. 

 

– Arrête Cat, il ne s'est rien passé 

– Nic je te connais comme mon frère. Putain, t’as magouillé pour aller la chercher chez elle et l’amener ici en douce. Sérieux, t’as osé nous dire qu’elle avait repoussé son arrivée. Encore heureux que Brice ai eu l’idée d’arriver dès ce soir pour nous épargner le trajet demain matin.  

– Ca va Cat, je voulais juste essayer de mieux la connaitre. Je pensais qu’en comité restreint, ça serait plus facile pour elle de se détendre. 

– Arrête de nous prendre des cons Black, tu voulais juste la mettre dans ton lit oui. Putain mais t’as oublié qu’elle est journaliste ou quoi ! 

– C’est bon Cat, je sais bien ce qu’elle est 

– Réfléchis avec ta tête pour une fois, elle cherche un scoop forcément, c'est son job, et je n'ai pas confiance en elle. Elle en sait beaucoup plus sur Wax et sur toi qu'elle ne veut bien le dire. Elle est dangereuse pour toi et pour Juliet 

 

Le salaud ! Il m’avait dit à moi que ses musiciens avaient été retenus jusqu’à demain. Il s’était bien moqué de moi. Il m’avait conduit dans un traquenard et moi j’avais sauté dedans à pieds joints. Quelle gourde ! J’aurai du tourner les talons et regagner ma chambre, tant pis pour mon portable, mais une curiosité malsaine me poussait à continuer à écouter la conversation.  

 

– Tu deviens parano Cat répondit Nic calmement. Je sais que tu t'inquiètes mais j'ai toujours réussi à garder Juliet loin des projecteurs, et c'est grâce à ça qu'elle peut mener une vie tranquille, et je veillerai à ce que cela continue.  

– Vu ton comportement avec cette journaliste, je suis pas sûr que tu y arrives. 

– Cat, il faut aussi qu’on fasse la promo de l’album, même si ça comporte des risques, et on était tous d’accord pour que Carlota se charge du reportage.  

– Arrête on sait tous les deux qu’elle n’est pas là pour le boulot ce soir répondit Cat en riant, signe que l'ambiance entre eux s'était allégée. Sois honnête, tant que tu ne l'aura pas mise dans ton lit, on risque de la voir beaucoup dans les parages. 

– Ouais, peut-être, je ne sais pas.  En tout cas elle a quelque chose de spécial cette fille. Affaire à suivre 

 

Ne voulant surtout pas en entendre davantage, je fis demi-tour et m'enfermai dans ma chambre ! Quelle cruche ! J'avais vraiment cru que l'instant de complicité et d'intimité que nous avions partagé avait aussi été apprécié sincèrement par Nic, mais non ce n'était juste qu'une étape clairement réfléchie pour m'amener à coucher avec lui. Putain, le mufle ! 

 

En rage, je me jetai à plat ventre sur le lit et enfouis la tête dans l'oreiller pour tenter d'oublier ce que je venais d'entendre. Comment dans la même conversation Nic pouvait dire à son ami qu'il ferait tout protéger la femme qu'il aimait, et dans le même temps sous-entendre qu'il n'aurait rien contre une aventure avec moi. C'était quand même incroyable d'avouer un truc pareil sans avoir honte ! Et Cat-le-meilleur-ami avait l'air de trouver ça normal ! A croire que dans l'univers du rock la pratique était courante ! Cela se confirmait, ce monde-là n'était vraiment pas fait pour moi ! 

 

Quand je me réveillai le lendemain matin, j'avais l'impression d'avoir couru un marathon tant ma nuit avait été agitée. Tantôt remplie de mauvais rêves, tantôt peuplée de grands moments d'insomnie, elle m'avait parue interminable, si bien que j'avais été contente de voir le jour se lever. Et puis, plus vite je commencerai à travailler mon reportage sur Wax, plus vite je le terminerai et plus vite je pourrai m'éloigner de ce goujat de Nic Black. 

C'est donc d'un pas résolu que je descendis les escaliers à la recherche d'une tasse de café corsé afin trouver l'énergie de supporter cette journée. Ma détermination faiblit un peu quand je vis Cat attablé à la table de la cuisine, une partition posé à coté de sa tasse de café 

 

– Bonjour Mlle Maxwell me lança-t-il sans relever les yeux, avez-vous passé une bonne nuit continua-t-il d'une voix qui suintait l'ironie. 

– Très bonne je vous remercie, et pour être claire, je l'ai passée seule dans mon lit. 

 

Surpris le musicien releva la tête et croisa mon regard furieux. 

 

– Pourquoi cette précision Mlle Maxwell ? 

– Peut être avez-vous l'habitude de voir votre pote Nic allonger tout ce qui porte une jupe dans son lit mais sachez que quant à moi, je suis très sélective, donc ce que vous redoutez n'arrivera pas. 

– Laissez-moi en douter, vous ne connaissez pas Nic et quand il veut une femme, il l'a. Sachez qu'il ne déroge jamais à cette règle. 

– Et quand bien même nous déciderions de coucher ensemble, en quoi cela vous regarderait-il ? 

– Le fait que vous soyez journaliste fait que je n'ai aucune confiance en vous, et je pense que vous seriez prête à beaucoup pour soutirer quelques infos croustillantes sur la vie de Nic, même à user de vos charmes... 

 

Devant l'affront du sous-entendu, je sentis mon sang ne faire qu'un tour, et le rouge me monter aux joues. Cat venait simplement de dire je serais prête à coucher avec Nic juste pour un scoop ! J'étais sur le point d'exploser de fureur quand la voix de Nic retentit juste derrière moi 

– Cat, tu peux aller au studio, tout le monde est arrivé et ils t'attendent pour installer le matos. 

 

Sans chercher à en rajouter, Cat se leva, ramassa sa partition, et sans un regard vers moi, quitta la pièce. 

 

– Excusez le Carlota, il n'est vraiment pas du matin me dit Nic avec un sourire innocent sur les lèvres 

– Pensez-vous que s'il avait été 17h de l’après-midi votre ami aurait été plus courtois lui répondis-je du tac au tac.  

– Pas sur en effet. 

 

Devant son manque de conviction, je m’emportai, laissant toute retenue de côté  

 

– Ce qui est incroyable c'est qu'il m'accuse de vouloir coucher avec vous pour obtenir des renseignements sur votre vie, alors qu'il vous reproche à vous de m'avoir attiré dans un traquenard pour me séduire ! Il manque de logique votre pote on dirait ! 

– Alors comme ça vous écoutez aux portes me répondit-il surprit, en me regardant dans les yeux. 

– Non je n'écoute pas aux portes, j'étais juste redescendue chercher mon portable dans le salon hier soir quand je vous ai entendu parler de moi. Selon Cat, je ne serai donc qu'un défi de plus à réussir continuais je d'une voix de plus en plus forte. 

 

Je m’emballais, mais j’avais besoin de lui dire tout ce que j’avais sur le cœur, tout ce qui m’avait empêché de dormir la nuit précédente. 

 

– Laissez-moi vous dire Nic que si effectivement vous m'avez tendu un piège pour m'attirer ici avant vos musiciens, ça fait de vous un mufle non seulement vis à vis de moi et aussi vis à vis de cette Juliet dont vous partagez la vie. Comment peut-on prétendre aimer une femme, tout faire pour la protéger et essayer dans le même temps de coucher avec une autre. Il me semble qu’on appelle ça le dédoublement de personnalité.  

 

Ma tirade terminée, je m'appuyai essoufflée contre une chaise, épuisée de m'être emportée mais soulagée d'avoir vidé son sac. 

– Ne mêlez pas Juliet à ce qui passe entre nous Carlota, ça n'a rien à voir me répondit Nic calmement mais fermement. 

 – Écoutez Nic, je vais être claire, il ne se passe rien entre nous et il ne se passera jamais rien le rembarrai je violemment, de plus en plus en colère, puis d'un pas déterminé, je quittais la pièce pour aller rejoindre les autres musiciens 

 

Quelques minutes plus tard, installée dans un fauteuil de velours rouge, un calepin et un stylo dans la main je regardais les quatre musiciens de Nic faire les derniers accords avant la répétition. En ce début de matinée la lumière dans le studio était encore faible et tous étaient vêtus de couleurs sombres, ce qui conférait à la scène quelque chose de mystérieux. Seules quelques notes résonnaient çà et là au gré des réglages de chacun et il se dégageait déjà de la scène une espèce de puissance contenue alors même que le premier morceau n'avait pas encore débuté. Je ressentis dans mon âme une de ces énergies qui commence à préparer votre esprit à des sensations rares. L’impatience me faisait presque trembler. Assister à une répétition privée, était mon rêve de jeunesse, l’espoir d’une jeune fan un peu paumée. 

 

 

Élias, derrière les autres membres du groupe, entama le morceau en caressant sa batterie. Six contacts avec ses fûts commencèrent à lancer un rythme qu'il répéta cinq, six puis sept fois avant que Cat ne lance trois notes à la basse. Trois notes puissantes et envoûtantes sur sa quatre cordes, qui donnèrent immédiatement une autre envergure au studio et qui, associées aux percussions me donnèrent instantanément la chair de poule  et la certitude que quelque chose d’énorme allait se passer. 

 

Mais pour cela il manquait encore un élément, Nic Black et son charisme. 

 

Quand Brice lança son riff sur sa guitare, mon corps tout entier se laissa  entraîner par la rythmique du morceau qui au passage réveilla en moi  quelque chose d'inattendu. Mon esprit ne demandait plus qu’à être transporté. 

C'est ce moment que choisit Nic pour faire son apparition au milieu de ses musiciens et venir se placer derrière son micro. Avec son foulard de coton blanc autour du cou, il était comme un paradoxe au milieu de cet univers sombre qu'ils avaient créé autour d'eux. 

Je ne reconnus pas le début de la mélodie qui s’égrenait dans le studio, sans doute une chanson du nouvel album. 

Dès les premières notes je ressenti la tristesse et l'espoir qui se dégageaient de ce morceau. Mon regard s’arrêta sur Nic. Son visage avait changé d'expression et ce que j'avais ressenti en entendant la musique se lisait désormais dans ses yeux, puis il commença à chanter. Comme toujours sa voix rauque et si sensuelle provoqua en moi une vague d'émotions encore plus fortes, qui me firent monter les larmes aux yeux, comme s'il était en train de murmurer à mon oreille. 

 

« Moi je t'écrirai tous les secrets que je sais 

Toi tu me diras ce que tu feras de moi » 

 

Mon coeur se serra, cette phrase murmurée par-dessus la musique me renvoya à la veille, les lèvres de Nic contre mon cou, mes bras autour de sa taille. 

 

« Moi je te promets 
une belle histoire 
et  plus jamais, on ne s'oubliera 
et plus jamais 
on ne se quittera...» 

 

Plus la chanson avançait et plus j'oubliai la raison de ma présence dans ce studio. J'étais hypnotisée par ce qui se passait devant mes yeux. Tous les membres du groupe semblaient avoir quitté le monde réel. Ils étaient portés par leur musique et par la voix de Nic. Cette fois encore l'alchimie qui se dégageait de Wax était là. Une fois de plus ils allaient emporter leur public tout comme il m'avait emporté moi, dans leur univers. Cette chanson deviendrait un tube c'était évident, pensai-je en me laissant porter par les sensations. 

 

C'est seulement quelques minutes après que le silence soit revenu que je repris mes esprits et réussit à se reconnecter à la réalité. En regardant le groupe je vis que tous les membres avaient du mal à retrouver leur souffle,  l'émotion les avait eux aussi transportés, comme s'ils avaient partagé ensemble un moment d'intimité. C'était une sensation étrange qui me mettait presque mal à l'aise. Aussi pour mettre fin à ce moment, c'est moi qui pris la parole en premier. 

 

– C'était magnifique. Merci de m’avoir permis d’assister à cette performance. Cette chanson sera un succès, elle est tellement forte, tellement vraie. C'est bouleversant, c’est du grand Wax les félicitai je la voix chargée d'émotions, mettant tous nos différents de côté.  Merci pour ce beau moment, sincèrement. Il me manque juste le titre du morceau pour je puisse en parler dans mon reportage. 

 

Après un regard furtif à Nic c'est Cat qui répondit. 

 

- Cette chanson s'appelle : « Les silences de Juliet » ... 
 

 

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