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25 mai 2021

Chapitre 6 : Nic

CHAPITRE 6 

Nic 

 

Putain ce que j’avais été soulagé en me garant devant chez mes parents. J’avais bien cru ne jamais y arriver. Je me doutais bien que Carlota ne serait pas ravie d’apprendre que les plans de ce week-end d’immersion avaient été changés, mais j’avais bien cru que je ne parviendrai pas à la convaincre de me suivre.  

 

Enfin voilà, on y était, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer… 

 

Cette pensée virait à l’idée fixe depuis qu’elle avait accepté notre partenariat pour son article. La semaine avait été longue, j’avais eu envie de l’appeler au moins cent fois, d’avancer la date de notre rendez vous, mais j’avais réussi à me contrôler. Elle n’aimait à priori pas vraiment les changements de dernières minutes. Si je voulais avoir une chance de la séduire, il allait falloir que j’apprenne la patience, malgré l’obsession que j’avais développée pour elle. Elle tournait en boucle dans ma tête, à tel point que j’avais l’impression de la connaitre. A force de penser à son visage ravissant, ses lèvres et à ses yeux si particuliers, il m’arrivait d’imaginer que je l’avais déjà croisée.  

 

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu envie de quelqu’un à ce point là. D’habitude c’est moi qui menais la danse. Avec Carlota tout était différent, et le challenge qu’elle représentait m’excitait. Je savais, je sentais que je ne lui étais pas indifférent, mais elle luttait tellement fort contre ce qu’elle ressentait que la partie était loin d’être gagnée. 

J’étais de plus en plus sur qu’elle avait peur. Je ne savais pas de quoi, mais le mystère qui l’entourait me passionnait. Je voulais la découvrir, corps et âme.  

 Il allait falloir être subtil, l’apprivoiser car une approche frontale risquait de la faire fuir une bonne fois pour toute. Ah ! La soirée risquait d’être fort divertissante.  

 

Enfin pour le moment nous en étions au point mort, la demoiselle refusant de franchir le seuil de la maison. Je n’avais qu’une envie c’était de la balancer par-dessus mon épaule, tel un vaillant homme de Cro-Magnon, et la porter jusqu’à mon lit. Pas possible malheureusement. 

 

– Carlota, c’est ici que nous répétons. Vous voyez le bâtiment au fond de la cour, c'est en fait un studio d'enregistrement lui expliquais-je doucement. Ici nous sommes tranquilles, et pour l'instant personne n'est au courant de l'existence de cet endroit. La maison est assez grande pour loger tout le monde, ce n'est pas luxueux comme la suite d'un palace, mais c'est ici que je me sens bien, pour écrire et faire de la musique. 

– Donc le reste du groupe nous rejoindra demain ici-même ? 

– Oui  

– Dans ce cas je vous remercie de me montrer ma chambre et de me dire à quelle heure vous commencerez les répétitions, et il ne me restera qu’à vous souhaiter une bonne soirée Nic.  

 

Une lueur victorieuse avait traversé son regard quand elle avait prononcé ses derniers mots. Elle se foutait de moi, j’en étais sûr. 

 

Tu ne vas pas t’en sortir aussi facilement ma jolie, foi de Nic Black. 

 

– Allez, ne soyez pas mauvaise joueuse et laissez moi au moins vous offrir quelque chose à boire avant que vous ne vous retranchiez dans votre chambre.  

 

Elle empoigna sa valise d’un air rageur et se dirigea vers l’entrée de la maison d’un pas furieux. De là où je me tenais je l’entendis marmonner en s’éloignant. 

 

– Vous disiez ? lui criai-je en me marrant  

– Je disais que vous n’étiez qu’un sale con. 

 

Cette fois-ci j’éclatais franchement de dire. La soirée promettait d’être très, très amusante.  

 

Une fois à l ‘intérieur, l’ambiance que ma mère avait créée dans le salon sembla apaiser mon invitée. La pièce était décorée avec goût, de profonds canapés se faisaient face, autour d'une table basse en bois. Les murs étaient peints dans les tons de rose pâle et de blanc, et de lourds rideaux entouraient chaque fenêtre, sauf la grande baie vitrée qui donnait sur une terrasse en bois. Des petites lampes d'appoint avaient été allumées dans tous les coins de la pièce, ce qui lui créait une atmosphère chaleureuse et intimiste. Ma mère tenait à ce que les gens se sentent bien et sereins dans sa maison. C’est ce que j’aimais ici, c’était à chaque fois un retour aux sources qui me faisait un bien fou. 

 

Carlota avait posé sa veste de tailleur sur le dos d’un canapé et se promenait tranquillement en observant la décoration de la pièce. Je me glissais donc dans la cuisine pour nous préparer du thé, profitant de l’accalmie dans nos relations.  

 

Quelques minutes plus tard, je revins les bras chargé d’un plateau, et je la trouvais assise sur un canapé en train de regarder son téléphone.  

 

– Je nous ai fait un thé vert lui dis-je en posant le plateau sur la table basse, j’espère que vous aimez. 

 

Elle releva la tête et ses traits de détendirent. Elle avait un sourire charmant, un peu enfantin, qui lui creusait les pommettes de deux petites fossettes. Adorable.  

Je m’installai sur le sofa en face d’elle et m’allongeai contre quelques coussins, en continuant à la regarder.  

 

– D’où vous vient cette passion pour le thé me questionna-t-elle ?  

– Attention Carlota votre professionnalisme vous rattrape, vous ne courez pas vous enfermer dans votre chambre ?  

 

J’avais adopté le ton de la plaisanterie pour la taquiner, pas question de la voir se renfermer comme elle l’avait fait un peu plus tôt dans la voiture et cela paya. Elle se mit à sourire franchement. Je continuais sur le même ton pour la mettre en confiance 

 

– Je vous propose une trêve pour ce soir. Nous sommes partis sur de mauvaises bases, en partie par ma faute. S’il vous plait, mettez vos mauvaises impressions de côté et laissez-moi vous faire découvrir ma musique, mon monde et mes musiciens. Le reste n’a pas d’importance.  

– Tout n’est pas de votre faute non. J’ai oublié que vous deviez avoir deux facettes, l’homme public et l’homme tout court. Celui que vous êtes quand vous faites de la musique m’a charmée, je vous l’avoue et j’ai oublié que ce n’était qu’une façade commerciale. Alors j’accepte votre proposition. Faisons une trêve.  

 

Elle m’attendrissait, tout simplement. Elle avait accepté courageusement ma proposition de balayer notre historique ensemble, et pourtant elle paraissait désabusée. Je sentais des regrets percer dans sa voix. Cette fille était un mystère et malheureusement pour moi elle était  journaliste. Je ne devais pas l’oublier, je les fuyais comme la peste, j’avais trop à perdre. La partie allait être serrée 

 

– Alors, reprit-elle en souriant vous m’en parlez de cet amour pour le thé ?  

– Disons que je n'ai pas toujours été sérieux, ma vie n'a pas toujours été aussi saine et équilibrée qu’aujourd’hui. Au début de ma carrière, la gloire m'a fait perdre la tête, tout était si facile, les femmes, l'argent, la drogue, l'alcool, le stéréotype de la vie de rockeur en somme, et je me suis laissée griser. 

– Qu’est-ce qui vous a fait changer ? 

– Un jour un événement à fait que j'ai réalisé que la vie est précieuse, que les gens qui peuplent ma vie mes sont chers et que je devais arrêter les conneries. J'ai donc laissé tomber tous les toxiques, j'ai commencé à manger sainement, à faire un peu de sport. Il ne me reste plus qu'un seul vice, la cigarette 

– Et les femmes me répondit-elle du tac au tac, un peu brusquement. 

– Attention, je vais finir par croire que vous êtes jalouse d’elles Carlota 

 

Je me levai pour m’approcher d’elle et je vis qu’elle avait rougi. J’avais envie de la taquiner encore, de la pousser dans ses retranchement. Elle n’avait pas pu se retenir de lancer cette pique, c’était spontané, elle n’avait pas réfléchi. J’étais désormais sûr de moi, elle avait un problème avec mes relations amoureuses. Il ne me restait plus qu’à découvrir pourquoi. 

 

– Ce n’est pas de la jalousie Nic, juste une constatation se reprit elle. Enfin bref, cela ne me regarde pas, oubliez ce que je viens de dire.  

 

Je ne renchéris pas sur le sujet. Si je le faisais, j’étais persuadé qu’elle allait encore s’emballer et cela ne nous mènerait nulle part. Je la pris délicatement par la main et l’aidai à se lever. 

 

– Allons poursuivre cette conversation dans la cuisine, je meurs de faim. Je suis certain que ma mère nous a laissé dans le frigidaire de quoi nous faire à dîner.  

A ma grande surprise, elle ne s’opposa pas à mon idée pour une fois et me suivit dans la cuisine.  

 

– Alors, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? 

– Que me proposez-vous ?  

 

Ouh là ! Ne m’embarque pas sur ce terrain-là ma cocotte 

 

– Omelette, salade, pain et fromage. Repas classique mais jamais décevant.  

– Le classique me convient parfaitement, pas de mauvaises surprises au moins me répondit elle en souriant  

– Non mais sérieusement Carlota, même pour la bouffe vous êtes archi -conventionnelle ?  

 

J’eu peur de l’avoir vexée, mais c’était sorti tout seul. Est-ce que cette fille s’amusait de temps en temps. Tellement guindée, tellement comment il faut. Je mourais d’envie de faire péter cette carapace en millions de morceaux, car je le savais, je le sentais, cette fille-là n’était qu’une façade, quelqu’un d’autre se cachait derrière, et je comptais bien la trouver.  

 

– Je ne suis pas si conventionnelle que ça, vous ne me connaissez même pas, je ne vois pas ce qui vous permet de dire ça 

 

Non mais là c’était trop pour moi. Elle, pas conventionnelle ? Sérieusement ! Il n’y avait qu’à la regarder, ça crevait les yeux. Pour une immersion avec un groupe de rock, elle avait mis un tailleur ! Une jupe crayon qui lui arrivait en dessous de genoux avec une veste cintrée gris passe-partout. Et que dire de son chignon tellement serré qu’aucune mèche de cheveux n’avait une chance de s’en échapper. Son maquillage était discret, jusque ce qu’il fallait pour lui donner bonne mine, rien de plus, rien d’éclatant, rien de trop marqué.  

C’était juste du gâchis. Ce camouflage n’arrivait pas à cacher ses jambes superbes et ses courbes pulpeuses. Ca me rendait dingue. 

Je m’approchais d’elle et passait la main derrière sa tête pour lui enlever la barrette qui retenait ses cheveux. Elle eut un imperceptible mouvement de recul, mais rien qui ne m’empêcha de continuer.  

Curieusement elle ne dit pas un mot. Ses grands yeux noirs étaient fixés sur moi. Elle attendait.  
Putain, j’avais juste envie de la serrer dans mes bras et de l’embrasser à lui faire perdre la raison. Je voulais la réveiller, je voulais la sortir de cette torpeur dans laquelle elle s’était enterrée. Je voulais rencontrer cette fille que j’avais entraperçue quand Carlota s’était mise à parler de notre dernier album, l’autre jour à l’hôtel. J’y avais vu une fille passionnée, vivante et tellement belle quand elle prenait vie. J’en voulais plus encore.  

 

Je ne bougeais pas non plus. Je savourais cet instant électrique, celui qui précède le choc. Ce moment si intense et qui ne dure que quelques secondes, celui qu’on ne retrouve plus après. Je laissais le désir m’envahir doucement. 

L’atmosphère changea soudainement. Sa respiration se fit plus rapide. D’où je me tenais je vis que sa peau se couvrait de chair de poule. L’excitation ou la peur ? Je ne pouvais le dire. Mais elle  ne reculait toujours pas, comme hypnotisée. C’était maintenant.  

Je fis encore un pas et posait la main sur sa nuque, sous ses cheveux. Bordel ce que sa peau était chaude et douce. Rester sur la réserve allait vite devenir de la torture. J’approchais doucement mes lèvres de son oreille, respirant par la même occasion son parfum à la fois sucré et délicat.  

 

– Carlota, je vous avais prévenu que je vous poursuivrais. Vous m’intriguez, vous m’excitez.  

– Nic…s’il vous plait, laissez-moi tranquille 

– Certaines choses sont inéluctables. Ne me dîtes pas que vous ne ressentez pas cette attirance entre nous. Si je vous étais indifférent, vous m’auriez déjà giflé une centaine de fois et vous ne seriez pas ici ce soir.  

  

J’avais fait mouche. Elle ne répondit pas et se mit à rougir. Elle était tellement touchante face au dilemme que je semblais représenter pour elle. 

Je fis glisser ma main doucement pour venir caresser sa joue. 

 

– Laissez-vous vivre Carlota, laissez-moi vous réveiller. Offrez-moi cette nuit, ou une autre, et savourons ensemble cette alchimie qui nous unit depuis que nos yeux se sont croisés.  

 

Elle céda. Je le vis dans ses yeux. Dans ses prunelles noires, une faible lueur s’éclaira pour chasser l’obscurité qui les envahissait d’habitude.  Etrangement, ce n’est pas un sentiment de gloire ou de victoire qui s’abattit sur moi, juste une intense vague de sérénité. Je m’abandonnai et l’embrassai. Carpe Diem…. 

 

 

 

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