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8 juin 2021

Chapitre 13 : Carlota

Chapitre 13 

Carlota 

 

Après une bonne demi-heure de ruminations, je décidai qu’il fallait que je me change les idées. Pour le moment je ne pouvais rien faire de plus pour changer les choses et j’étais éreintée. Je me préparai un repas léger que je mangeai devant mon film culte, Dirty Dancing. Patrick Swayze avait toujours eu le pouvoir de me faire oublier tous mes problèmes et ce soir j’avais besoin de lui. C’est au moment crucial, celui où Johnny invite Bébé à danser au milieu de la foule que mon téléphone vibra m’avertissant de l’arrivée d’un message. Merde ! Retour brutal dans la vie réelle. J'allais attraper le mobile au moment on sonna à la porte . 
Je me levais en soupirant, le portable dans la main,  frustrée de rater la meilleure partie de mon film.  
Le message venait de Sam. Il avait sans doute oublié quelque chose et souhaitait  m'avertir de son arrivée. 
J'ouvris le texto en même temps que je déverrouillais la porte 

"Après réflexion le mieux est que tu lui expliques...."   

 Sans surprise je découvris donc Nic Black appuyé contre le mur face à mon appartement. 

 

 

– Je ne pensais jamais te revoir 

 

C'est tout ce que je pu dire.  Un frisson d'appréhension me transperça en pensant à ce qui allait inéluctablement arriver. J’allais devoir me justifier, je ne pouvais plus me cacher après ce qu’il s’était passé ce matin.  Ses yeux sombres fixaient les miens, son regard était sans concessions. Il était venu pour ça, des explications.  

La tension s'installa brutalement entre nous. Je me sentais si démunie face à lui, paralysée. Je comprenais sa colère et je me doutais de tout ce qu’il avait  imaginer. Forcément, je lui mentais depuis notre rencontre. J’avais tout fait pour lui cacher que je connaissais Wax, et je me doutais bien qu’il avait dû se sentir trahi.  

 

– C'est en effet ce que j'avais prévu, mais tu as un ami qui tient beaucoup à toi apparemment et qui m'a convaincu de te laisser t'expliquer, alors je te repose ma question : "Qui es-tu et que cherches tu Carlota ?" 

 
Il me détaillait de haut en bas et je vis la surprise se peindre sur son visage quand son regard se posa sur mon débardeur. Ce débardeur que je portais justement aujourd’hui, c'était mon doudou, mon objet de réconfort. A la fin du dernier concert  auquel j’avais participé, je l’avais acheté sur un coup de tête pour garder un lien avec Wax. Entièrement noir, avec les titres des chansons d'un album de Wax sur le devant inscrites en blanc et surplombées par le nom du groupe en lettres bleues pâles, il revendiquait à lui tout seul mon appartenance à leurs fans, à une communauté, à une famille 

 

– Entre Nic 

 

Je m'effaçai rapidement pour le laisser passer. J'étais consciente que je ne pourrais plus reculer, plus maintenant. Je refermai la porte derrière nous et me réfugiai dans le coin cuisine pour échapper à son regard perçant. 

 

– Veux-tu boire quelque chose, un thé, un café, quelque chose de plus fort ? 

 

J'essayais désespérément de gagner du temps, de voler quelques minutes à cette situation qui allait m'échapper. 

 

– Non je suis venu chercher des explications Carlota, c'est tout 
 

Sa détermination et la dureté de sa voix me déstabilisaient. Je ne retrouvai plus l'étincelle de gentillesse qui animait d'habitude son regard, et ses lèvres restaient serrées dans un pli de colère. Il semblait avoir oublié et fait une croix sur les instants de complicité que nous avions vécu la veille. 

Ce soir, il était impressionnant de froideur....mais à la fois tellement beau, que mon cœur se serra  
Comme à son habitude il était habillé de sombre et il avait remplacé son foulard blanc par un autre noir, constellé d'étoiles argentées. Son pantalon cargo lui tombait impeccablement sur les hanches et son sweet shirt gris anthracite épousait parfaitement les formes de son torse musclé. Ses cheveux étaient encore plus en bataille que le matin, comme s'il avait passé sa main dedans des millions de fois dans la journée. Je le fixai à mon tour, à m’en brûler les yeux, car c’était la dernière fois que je le voyais, et je voulais être sûre que tout ça n’avait pas été qu’un rêve. 

 

Devant mon silence, il posa ses clefs et son portable sur la table basse du salon et s’assit en soupirant. J’étais au supplice. Que fallait-il faire ? Lui balancer cette vérité froide et dégeulasse que je cachais depuis des années, comme ça, sans préavis, où essayer d’enrober un peu les choses dans du papier brillant. La conclusion serait la même de toute façon. 

Je quittai mon refuge et je m’approchai de lui. Doucement je m’assis sur le canapé à côté de lui et je laissai mon regard dériver dans le vide. Curieusement, je n’eu pas besoin de réfléchir, les mots sortirent de ma bouche, sans que je ne puisse les retenir. Il fallait que je me libère de cette partie de ma vie lestée au fond de moi comme une ancre qui m’attirait tous les jours un peu plus vers le fond. 

 

 

– Mars 2001 : Premier concert de la tournée de la renaissance du groupe. Wax signe son retour avec son célèbre J'ai demandé. C’est un succès fou, le public est au rendez-vous et votre carrière est relancée après une traversée du désert de plusieurs années. 

 
– Septembre 2002 : Après la troisième chanson du concert à Paris, un problème électrique survient avec le matériel de tes musiciens. Ils sont dans l’impossibilité de continuer à t’accompagner. Tu continues pendant 20 minutes à chanter a capella en attendant que les techniciens règlent le problème.  

 
– Décembre 2003 : Tu fais tout un concert avec une attelle à la main, suite à une bagarre la veille dans un bar. Rien n’a filtré dans la presse, personne n’a jamais su comment tu t’étais blessé. 

 
– Juillet 2004 : Pendant un festival, le guitariste du groupe Kao Bang qui faisait ta première partie fait une overdose. Tu offres à tes fans un concert de trois heures au lieu de deux prévues pour le remplacer.  

 

Je m’arrêtai quelques secondes pour le regarder, essoufflée par mes révélations. Son visage reflétait la stupeur, l’incompréhension mais aussi la colère. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, la vérité lui échappait encore, pour l’instant. 

 

– Eh bien, bravo, tu as dû bien chercher car certaines de ces informations n’ont pas été révélées à la presse. Enfin, j’imagine que dans le monde de presse à scandale où tu évolues, tout finit par se savoir finalement 

 

– Non, je n’ai rien cherché m’écriai-je. J’y étais à tous ces concerts. Et ta main Nic, en 2003, elle était cassée. J'ai entendu le craquement de tes phalanges quand tu as mis ton poing dans la figure de Dim. 

 

Je le vis blêmir et s'appuyer contre le dossier du sofa en se passant la main dans les cheveux. Il attrapa son paquet de cigarettes et d'une main tremblante en alluma une. Puis il tourna son visage vers moi et planta son regard dans le mien. 

 

– Putain arrête toi Carlotaje comprends rien. Tu as suivi Wax en concert. Qui es tu bordel ? Une journaliste musicale, une paparazzi ? Et ma main, comment sais-tu qu’elle était cassée ?  

 

Un frisson me traversa l’échine. Il était temps maintenant… 

 

– Non, je n’étais rien de tout cela. J’étais…Je n'étais rien en fait, j’étais juste Carlie Salinger… 

 

 

 

 

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